Le sainfoin

«  On a semé les sainfoins à Escures », écrivait Gabrielle à Isidore au printemps 1923.

Depuis les années 1950, on ne sème plus de sainfoin (Onobrychis viciifolia) en Normandie. Cette légumineuse, appelée aussi « esparcette », a été remplacée par la luzerne et le trèfle, deux autres plantes fourragères équivalentes.

Aujourd’hui, il est encore possible d’en apercevoir quelques pieds en fleurs sur les talus en bord de route à Ouilly-le-Vicomte, Vieux-Fumé, Livarot.

Autrefois cultivé en Pays d’Auge

À Mont-Ormel, un lieu-dit Les sainfoins nous interpelle sur l’ancienneté de la culture de cette légumineuse en Pays d’Auge. Une étude toponymique du linguiste Dominique Fournier, publiée dans la revue Le Pays d’Auge de novembre 2015, éclaire sur l’étendue de la culture du sainfoin. De Tôtes à Cheffreville-Tonnencourt, de La Houblonnière à Lisores et même à Lisieux, paroisse Saint-Jacques près du village du Chien, parfois plusieurs parcelles d’une même commune portent le nom de sainfoin. Sur l’ensemble du territoire, près d’une centaine de parcelles agricoles portent ce nom.

Sainfoin ou  saint-foin

Les formes « Le Saint-Foin » à Fervaques,  « Les Saintsfoins » à Rumesnil, « Le Saint-foin » aux Moutiers-Hubert, « Le petit St foin » à Cambremer, montrent comment le mot « sainfoin » a glissé en « saint-foin » par étymologie populaire, car on croyait  cette plante miraculeuse. « On adorait encore à Gênes  et dans quelques églises de Lorraine  certaines petites bottes de Saint-Foin qui étaient dans la crèche où naquit Notre Seigneur. Ce Saint-Foin avait la réputation de guérir les maladies des animaux. »  (Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses, Tome I,  Guien et compagnie libraires, Paris, 1821)

On pouvait laisser des bovins…

Roger (commune du Pin, près de Lisieux) encore malheureux quarante ans après, raconte  comment il a laissé sa vache, la Mignonne, dans une parcelle de trèfle et l’a vue mourir en quelques heures, le ventre gonflé.

Le sainfoin avait l’avantage d’être vivace et de ne pas provoquer de météorisation,  une accumulation de gaz dans la panse chez les herbivores. On pouvait laisser des bovins sans surveillance dans un champ de sainfoin. Ce que l’on ne peut pas faire avec le trèfle.