Dans toute la Normandie, les fêtes religieuses du mois de juin ont laissé le souvenir de processions, d’ornements et de jonchées incomparables…
.
En juin, à l’occasion de la Fête-Dieu, les paroisses du Pays d’Auge et en Normandie organisaient de longues processions où les plantes occupaient le centre de la cérémonie. À l’entrée des fermes, dans les bourgs, se dressaient les reposoirs, sortes de petits autels devant lequel le prêtre s’arrêtait pour prier et chanter. Les chemins et l’église étaient jonchés de fleurs et de feuillages. Le matin de la fête, la pave (ou iris des marais) était coupée au bord des fossés. D’autres paroissiens allaient ramasser la laîche sur les mares des fermes fromagères. Ces roseaux servaient à confectionner, dans le chœur de l’église, une rosace parsemée de pétales de roses…
Une épicière de Saint-Pierre-de-Mailloc se souvient que « les hommes apportaient une ″charretée″ de roseaux pour la procession ».
« À la fête du Saint-Sacrement, toute la route était fleurie. Devant chaque autel, un soleil de laîche était étalé avec en son centre des pivoines rouges », raconte André de Montviette. Et il ajoute : « C’était la corvée du sacristain, car c’était lui qui devait nettoyer après la procession. »
L’iris des marais était le roseau le plus utilisé. Il est appelé parfois la « pave ». Selon le linguiste Dominique Fournier, on trouve le nom de « pave » appliqué à des prés humides comme le Pré paveux à Putot-en-Auge.
À Ammeville, il existe encore un chemin de la Procession…
L’origine de la jonchée
Le terme de « jonchée » dérive de jonc, plante des prairies humides et des marais.
Dans Le livre des simples médecines de Matthaeus Platearius au XIIe siècle (sorte de dictionnaire de médecine à l’usage des apothicaires), on trouve une description de l’usage de l’iris des marais : « Acore, iris ou glaïeul des marais : étalées sur le sol d’une pièce, les feuilles d’acore rafraîchissent merveilleusement l’air. Si on attache des feuilles d’acore aux ruches, les abeilles ne s’enfuiront pas mais se multiplieront et en attireront d’autres. »