Au jardin ou dans la haie, au milieu des plantes les plus communes se glissent parfois un arbuste ou une fleur loin d’être innocents…
Certaines plantes peuvent être redoutables ! Et le meilleur moyen de se prémunir des accidents est de bien connaître les plantes et leurs dangers. Les anciens racontent l’usage « malheureux de plantes toxiques »…
Dans les parterres de fleurs autour de la maison, le muguet, dont on attend la floraison pour le premier jour de mai, est malheureusement un poison redoutable. Plusieurs accidents ont été recensés en Basse-Normandie. La fleur, la tige et surtout les fruits sont toxiques.
Dans la haie, le fusain d’Europe a des fruits rose intense dont la forme étrange lui a valu le nom de « bonnet d’évêque » : ce fruit contient une amande blanche à la peau orange vif. Cette graine aux couleurs si attirantes à l’automne est toxique.
« La ciguë ressemble à du persil. Tu l’écrases avec les doigts et ça ne sent pas le persil !… » Au Breuil-en-Auge, Geneviève avoue : « J’ai honte ; je la confondrais avec de la carotte sauvage. »
Moins commune et moins connue, la rue était cultivée dans les jardins comme plante contraceptive à l’époque où la médecine ne proposait pas de substance. Son usage en était dangereux, car les femmes ignoraient le dosage qui convenait.
Le prunellier, l’épine noire ou le « bois de guerre » comme l’appellent les anciens, est un arbuste commun dans les haies du Pays d’Auge. Madeleine explique : « Si tu te piques avec une épine noire, ça s’envenime comme si le bois était infecté. » Et Roger ajoute : « La piqûre d’épine, surtout quand elle est en sève, il y a rien de pire… » Des témoignages plus récents montrent que certains y ont perdu l’usage d’un doigt. Près d’Orbec, Pierre se souvient qu’on raconte dans sa famille qu’une grand-tante a perdu la vie après s’être piquée sur une épine noire.
Les enfants, il faut leur faire peur…
Sur les talus, le sceau-de-Salomon, le « faux-muguet », finit de fleurir avant de présenter des fruits noirs, très toxiques. « Les enfants, il faut leur apprendre ; il faut leur faire peur. » Une grand-mère raisonnable disait : « Aux enfants, on leur disait : « Cueillez des coucous si vous voulez, et c’est tout. » »
À lire dans « Plantes mortelles, Natures mortes » (Rodolphe Murie et Christiane Dorléans, Cahiers du Temps, 2013).