L’arbre aux chapelets

Les historiens estiment que l’usage du chapelet coïncide avec les débuts du culte à la Vierge Marie, probablement dès le Xe siècle.

Graines et gousses d'arbre aux chapelets
Histoire du chapelet

À l’origine, le chapelet est une couronne de fleurs appelée « chapel » ou petit chapeau. Cette couronne devient un objet religieux et se transforme. Le chapelet catholique est constitué de cinq dizaines de grains pour compter les Je vous salue Marie.
Dès le Moyen-âge, les chapelets sont fabriqués en perles de verre et le plus souvent en perles taillées dans des os de cheval. C’est le métier du patenostrier. Ces chapelets sont réservés aux paroissiens plutôt fortunés. Les pauvres doivent se contenter de matières peu chères. Ainsi, dans les couvents, on a cultivé un arbre sur lequel on récolte des graines qui sont ensuite enfilées.

Fleurs en grappe odorante, début mai
L’arbre aux chapelets

Selon de récentes recherches menées par des historiens, il semblerait que, dès le Xe siècle, et jusqu’au XIIIe siècle, des moines cisterciens établis en Hongrie aient rapporté le Staphylea pinnata, puis l’aient cultivé dans les monastères de l’est de la France (Publication de la Société des naturalistes luxembourgeois, 2000). Cette pratique se serait ensuite répandue dans l’ensemble du pays. Les graines récoltées fraîches au milieu de l’été servaient à fabriquer le chapelet des pauvres.

Les gousses de l'arbre aux chapelets

Au XVIe siècle, dans le Nouvel herbier des plantes qui croissent en Allemagne de Jérôme Bock, il est précisé à propos du staphylier : « On en  fait aussi des chapelets. »
Cette culture se répand ensuite un peu partout en France. En Pays d’Auge, nous en avons retrouvé des sujets dans des jardins à Moyaux, Grandmesnil, Saint-Martin-de-Fresnay. Un staphylier pousse dans la haie d’un herbage à Bavent…
Un arbre aux chapelets fleurit dans le jardin du moulin d’Argences et un autre au Jardin Conservatoire à Saint-Pierre-sur-Dives.
Cet arbuste de deux à cinq mètres est spontané en Alsace et dans le nord du Jura. Au jardin,  il se multiplie facilement par semis ou drageons. Début mai, ses fleurs  en bouquets blancs embaument les parterres.
Dès le XVIe siècle, différents ouvrages de botanique signalent l’usage des graines de staphylier pour la fabrication de chapelets. (D’après F. Geissert,  Bulletin de l’association des Amis du jardin botanique de Saverne, 2001, p. 21-25)

Vers 1850, Arthème Pannier note dans un de ses carnets conservés à la société historique de Lisieux la présence d'un staphylier.
Les graines sont récoltées début juillet