Les hirondelles

En  Normandie, trois espèces d’hirondelles peuvent être             observées : l’hirondelle rustique, l’hirondelle de  fenêtre et      l’hirondelle de rivage.

L’hirondelle rustique :
Dos, tête, dessus des ailes noirâtres à reflets bleus,  queue fourchue munie de deux longs     filets chez le mâle, front et gorge couleur brique, dessous blanc crème. Elle était anciennement nommée hirondelle de cheminée, car les chaumières ouvertes ou les fermes possédaient une vaste cheminée en forme de     pyramide largement ouverte en bas. Dans cette « caverne enfumée », elle pouvait ainsi  réaliser son nid.

L’hirondelle de fenêtre :
Tête, dos, dessus des ailes, queue noirs et un croupion blanc bien visible qui contraste avec ce noir. Dessous du corps blanc.

L’hirondelle de rivage :
Dos brun, queue courte à peine échancrée, bande pectorale brune qui contraste avec sa gorge et son dessous blanc. Étant moins représentée en Normandie, surtout dans le Pays d’Auge, elle ne sera pas évoquée dans ce document. En effet, elle niche dans des microfalaises de terre, la plupart du temps au bord des rivières.

Eugénie, Jeanine, Madeleine, Pierre, Raymond et  Renée  ont admiré et protégé les hirondelles. Ils se souviennent :

Tous ces témoignages rejoignent les connaissances sur ces            oiseaux.

« On attend qu’elles arrivent.  Et c’est la chaleur. »
Vieux-Pont-en-Auge (14)

La majorité des hirondelles rustiques arrivent dans notre région dans la première quinzaine d’avril. Les hirondelles de fenêtres sont un peu plus tardives et on peut commencer à les observer fin avril, début mai. Cela correspond en effet au début du printemps qui apporte les premières chaleurs, nous faisant oublier l’hiver.

« Quand j’étais à la ferme, je notais l’arrivée des hirondelles. Il y en a deux, trois qui arrivent avant. Et, d’un coup, tout arrive. »
Grandmesnil (14)

Chez les deux espèces d’hirondelles, ce sont les mâles qui, les premiers, occupent les lieux de nidification et qui vont déterminer l’emplacement du nid. Ainsi les femelles et les jeunes (mâles ou femelles) non expérimentés de l’année passée arriveront par la suite.

« Elles  se nourrissent en volant.
Ça mange des bibets. »
Saint-Martin-de-la Lieue (14)

Les nombreuses proies ordinaires des hirondelles sont des petits insectes volants de toutes espèces : mouches, taons, moustiques, petites libellules, pucerons, divers coléoptères… Parmi cette nourriture, on peut trouver les « bibets » : c’est un terme normand du XVe siècle qui désigne des insectes qui piquent. Les hirondelles se nourrissent en volant. Rarement, elles se posent à terre pour picorer des insectes.

Hirondelle rustique (juvénile)

« Elles font des nids en terre. Elles piquent et prennent un peu de vase ou de boue dans leur bec. C’est du bon mortier, du torchis. Elles allaient au bord de la rivière piquer dans la vase. »
Dozulé (14)

Les hirondelles bâtissent leur nid à partir de terre qu’elles recueillent au sol, dans la boue humide. Elles la malaxent ensuite, l’imprègnent de salive. Ceci constitue une boulette de ciment qu’elles collent aux parois supports. Le nid forme une coupe. L’intérieur est lisse, garni de foin sec, de crins et de nombreuses plumes. L’hirondelle rustique lui ajoute des fétus de paille, des crins, des radicelles afin de lui donner plus de solidité. Son nid constitue une coupe ouverte sur le haut. Celui de l’hirondelle de fenêtre a une forme plus ou moins sphérique qui a une ouverture juste suffisante pour le passage de l’oiseau, placée au bord supérieur, contre le « plafond ».

« On les regardait dans le nid. On les flatte et on les relâche. Dans l’étable, il y avait une dizaine de nids de la ″bête à bon Dieu″. »
Vieux-Pont-en-Auge (14)

L’hirondelle rustique bâtit  son nid dans les bâtiments ouverts, où elle peut entrer et sortir à volonté : écuries, étables, granges des fermes. Elle apprécie la présence du bétail qui attire les insectes.   Ces  hirondelles  ne  s’établissent  pas  vraiment  en colonies : ainsi, on ne trouve guère plus d’une dizaine ou d’une quinzaine de nids dans un même local.

« Il y en avait tellement que les nids se touchaient. »
Thiéville (14)

L’hirondelle de fenêtre bâtit son nid sous un surplomb qui l’abrite : balcons, encoignures de fenêtres, avant-toits… Très sociable, on peut voir de grandes quantités de nids collés les uns aux autres (jusqu’à 180 nids par exemple).

Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de fenêtre

« Détruire un nid d’hirondelle, ça porte malheur. »
Falaise (14)

Tuer les hirondelles ou détruire leur nid est répréhensible par la loi : toutes les  hirondelles sont protégées.

« Quand elles sortent du nid, elles ne vont pas loin. Elles se posent sur un fil. »
Vendeuvre (14)

Les rassemblements concernent surtout l’hirondelle  rustique. Les perchoirs sont donc nécessaires à son repos : fils aériens, fils barbelés, branches, toits des maisons…

Hirondelles rustiques

 « On les voit se réunir mais        jamais partir. »   Falaise           « D’un seul coup, on regarde en l’air et on dit : ″Tiens, il y en a plus !″ »
Vieux-Pont-en-Auge (14)

Chez l’hirondelle rustique, la migration commence fin août,    début septembre. Elle est étalée dans le temps. Dès la première moitié de septembre, elle devient vraiment visible, s’accentue à la fin de ce mois. C’est à ce moment que l’on observe de gros rassemblements sur les fils. Les dernières partent mi-octobre. Cette migration se fait en formations étendues et dispersées. Chez l’hirondelle de fenêtre, la migration commence davantage dans la seconde quinzaine de septembre et peut se prolonger parfois  jusqu’à fin octobre à cause des couvées tardives de septembre. Les deux espèces ont essentiellement une migration  diurne.

Bibliographie
– P. Géroudet, Les passereaux d’Europe, Tome 1, Delachaux et Niestlé, 1998.
– L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström, Le guide ornitho, Delachaux et Niestlé, 2014.
– Œuvre collective des ornithologues du Groupe ornithologique normand (GONm),   Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie 2003-2005, Le Cormoran, 2009.

Photographies, textes naturalistes
Sophie et Guy Béteille, ornithologues