Longtemps en Normandie, le jardin a été clos d’une haie morte et la haie des herbages réparée par un tronçon de haie morte ou haie sèche. Une technique à réapprendre…
Entretenir la haie
« Les haies, on les fait avec des forces. Le pied, à la faux, le faucard. On coupe le pied avec le faucard et après les forces. Les forces affûtées sur la meule. Le faucard, on le battait comme une faux. Le croissant, avec un long manche, servait à élaguer plus haut sur le bord des routes. On y passait des semaines. » Saint-Pierre-de-Mailloc (14)
« On élague à l’intérieur du champ, mais aussi à l’extérieur si la haie borde un chemin. Si le chemin est très emprunté, on élague à vue de ciel pour que le chemin soit bien ensoleillé. »
« Sur les haies d’épine, c’étaient les forces. Tous les six ou sept ans, à la serpe qu’on coupait ça, ou à la hache. Beaucoup à la hache. Pour les fossés, c’étaient les sapes, les faucilles, pour couper l’herbe et un fourchet long comme ça, 60 centimètres, qui servait à maintenir l’herbe qu’on coupait. C’était un travail spécial au Pays d’Auge. Passé Saint-Pierre-sur-Dives, c’était la plaine de Falaise. Y avait pas de haies comme dans le Pays d’Auge. » Saint-Pierre-de-Mailloc (14)
Réparer la haie : la haie morte
« Quand on faisait une haie, il ne restait pas grand-chose, car on réparait d’abord les haies. » Montviette (14)
« On reclôt ou on répare les brèches dans la haie avec du bois appointi à la serpe, planté debout, les affiches. Les fameuses affiches, on les fendait en deux avec le fauchet quand c’était du bois qui se fendait bien. Quand il y avait de l’orme, ça se fendait bien. Puis, avec de grandes branches horizontales, des liures de saule, on serrait la haie. » Saint-Pierre-de-Mailloc (14)
« Les affiches tous les 20-30 centimètres pour faire coller (tenir) le menu bois mis en arrière. C’était bien quand c’était bien clos. Entre les affiches, on mettait du petit bois debout, des branchages de bois, comme des rames ; un coup de serpe pour les appointir. On les enfonçait en terre. Normalement c’était du bois debout, le bois de la haie qui était là. » Francis
« Des fois, il y avait un frêne ou un chêne. On le replantait dans un trou de la haie d’épine, pour reboucher. » Boissey (14)
« Même l’épine, on la remettait dans le trou pour boucher. » Montviette (14)
« On allait couper des vignons (Ulex europaeus) près des bois. On les ramenait avec le cheval sur la charrette. On en faisait des haies mortes, des fois jusqu’à 800 mètres. On plantait des piquets en terre et on les serrait avec une vis et une manivelle. » Montpinçon (14)
« Mon père se servait d’une pince à raffiquer les haies. » Moyaux (14)
Autres usages de la haie
Avec le reste, on fait des fagots. Certains ouvriers effectuaient ce travail « à la loue », c’est-à-dire payé à l’unité. « Un fagot bien fait doit passer dans un sac à pommes. » Il pèse au moins 25 kilos.
« À la saison, on commençait par élaguer le chemin à Paul, à la sape. On reprenait au croissant à vue de ciel et Simone venait râteler les élagures. On en mettait sur les garennes dans la cour de maison ; je me rappelle au moins trois. On furetait avec les furets. Dans le bas du p’tit pré, la cabane (qui abritait le taureau) n’était couverte que d’élagures et les murs en fagots. » Saint-Pierre-de Mailloc (14)
« On couchait les branches en travers et on les resserrait avec les presses à haie. Les branches, on les coupait au faucillon et on les couchait. Pas trop gros, on les couchait. On coupait tous les dix, douze ans. On les tord et on les rattache avec l’osier. » Montviette (14)
« Les fagots étaient faits sous le pied, avec un brin de coude qu’ils arrivaient à nouer. Sinon, le métier à fagots : on faisait des tas au pied des haies. On déplace le métier à fagots. »
« Les grandes épines qui poussent vite, grandes ronces qui servaient à attacher les balais : ils la fendaient en deux pour lier les balais de bouleau et de bruyère et pour lier les tonneaux. » Montviette (14)
« Édouard, mon père, cherchait dans la haie les manches des outils. Il faut observer, repérer. Pour l’effort : la masse, la hache, le merlin, c’est du houx et qu’il soit plus gros d’un côté… Les manches de fourche en frêne ou noisetier pelé. » Les Champeaux (61)