Petits mammifères à la trace

Le rat d’or et le rat des moissons

Dans les haies, les jardins, sous terre ou dans les airs, on peut essayer de reconnaître les petits mammifères qui occupent le territoire et d’en identifier les traces : hérisson, écureuil, mulot, campagnol, fouine, martre, taupe, chauve-souris, pour les plus faciles à déterminer.
Mais qui a déjà croisé la trace du rat d’or et celle du petit rat des moissons ? 

Le rat d’or 

« Le muscardin, je l’ai encore vu voilà une dizaine d’années dans le bois [vers 2005]. C’est pas un mulot, c’est comme un petit écureuil. C’est gros comme mon pouce. Dans une épine, ils étaient deux ou trois dans le nid. » Saint-Pierre-de-Mailloc (14) 

Nid du muscardin, lisière de bois, photo Montviette Nature, 1993

Roger Brun, naturaliste normand (1906-1980), a publié en 1953 et 1954 des articles sur la faune du Pays d’Auge dans la revue Le Pays d’Auge. Il prospecte en Normandie pour collecter les animaux les plus rares. Michel, ami de Maurice, le fils de Roger Brun, raconte : « Il cherchait aussi le muscardin. On le voit encore de temps en temps. Mon père en avait trouvé un couple dans les bois. Il leur avait fait une cage. Il les nourrissait avec des fraises du jardin. » Saint-Pierre-de-Mailloc (14)
« Le loir muscardin (myoxus avellanarius L.), de la taille d’une souris, a une fourrure d’un magnifique jaunâtre doré. C’est pour la faune française, une espèce presque spécifiquement normande, moins répandue que le lérot, bien qu’existant dans notre Pays d’Auge ; il est aussi beaucoup moins nuisible, ayant comme l’écureuil une préférence pour les fruits secs forestiers, noisettes en particulier (d’où son nom latin). » Roger Brun, « Faune du Pays d’Auge », Le Pays d’Auge, septembre 1953, p. 8. 

Muscardin dans une épine. Photo Gérard Bertran

« Le muscardin (Muscardinus avellanarius) fait partie de la famille des gliridés tout comme ses cousins le loir et le lérot. De petite taille (6,5 à 8,5 cm), il est roux doré d’où son autre surnom le « rat d’or ». Il est plus clair sur le ventre et le menton, ses oreilles sont petites arrondies et peu poilues mais apparentes. Sa queue équivaut à la taille de son corps, elle est touffue sur toute sa longueur et présente la particularité de pouvoir se sectionner si un prédateur la saisit, lui laissant un fourreau poilu et vide en guise de repas. Sa queue contrairement à celle des batraciens ne repousse pas.
Il a également de grands yeux noirs globuleux et de longues vibrisses qui le rendent particulièrement adapté à la vie nocturne. Son poids varie entre vingt et quarante grammes suivant la période de l’année.

Il est particulièrement adapté à la vie arboricole, ses pattes sont pourvues de longs doigts préhensiles, de coussinets plantaires bien développés sur les pieds et d’articulations pouvant pivoter latéralement à angle droit. Cela lui permet de grimper jusqu’au sommet des branches les plus hautes ou de s’avancer jusqu’à l’extrémité des rameaux.
Ce rongeur est typiquement forestier et il évolue, essentiellement, dans les arbres et les arbustes de petite taille, avec une préférence pour les milieux assez ensoleillés, comme les haies, les lisières forestières, les clairières, les coupes forestières récentes, les taillis et broussailles. » Voir l’article complet : Loïc Nicolle, « La haie et la biodiversité », Le Pays d’Auge, septembre-octobre 2022, p. 28-33.

Noisette rongée par le muscardin, photo Loïc Nicolle, naturaliste
Chercher le rat des moissons

Rarement observé par les amateurs, le rat des moissons fait l’objet de recherches et de comptage par les associations naturalistes de Normandie.
En 1953, le naturaliste Roger Brun ne l’avait pas encore croisé lors de ses explorations. Pourtant, dans son musée créé à Friardel (14) puis transféré au muséum de Rouen après 1980 figure un rat des moissons capturé le 29 avril 1967 à Friardel ; il a été naturalisé. 

Rat des moissons mâle, Friardel, cliché Rodolphe Murie, photographe

« Le rat nain ou rat des moissons (mus minutus Pall.) [aujourd’hui Micromys minutus], plus petit que la souris et qui construit son nid au sommet des tiges de céréales, doit exister dans notre région ; il est mentionné comme peu commun dans la magistrale Faune de Normandie, de H.-G. de Kerville. Je ne l’ai, pour ma part, jamais rencontré jusqu’à présent. » Roger Brun, « Faune du Pays d’Auge », Le Pays d’Auge, septembre 1953, p. 8.
Voir aussi le site du Groupe Mammalogique Normand : www.gmn.asso.fr