Plantes de la jonchée

Dans toute la Normandie, les fêtes religieuses du mois de juin ont laissé le souvenir de processions, d’ornements et de jonchées incomparables…

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En juin, à l’occasion de la Fête-Dieu, les paroisses du Pays d’Auge et en Normandie organisaient de longues processions où les plantes occupaient le centre de la cérémonie. À l’entrée des fermes, dans les bourgs, se dressaient les reposoirs, sortes de petits autels devant lequel le prêtre s’arrêtait pour prier et chanter. Les chemins et l’église étaient jonchés de fleurs et de feuillages. Le matin de la fête, la pave (ou iris des marais) était coupée au bord des fossés. D’autres paroissiens allaient ramasser la laîche  sur les mares des fermes fromagères. Ces roseaux  servaient à confectionner, dans le chœur de l’église, une rosace parsemée de pétales de roses…

Une épicière de Saint-Pierre-de-Mailloc se souvient que « les hommes apportaient une ″charretée″ de roseaux pour  la procession ». 

Laîche, Typha latifolia
Laîche, Typha latifolia
Pave ou iris des marais

« À la fête du Saint-Sacrement, toute la route était fleurie. Devant chaque autel, un soleil de laîche était étalé avec en son centre des pivoines rouges », raconte André de Montviette. Et il ajoute : « C’était la corvée du sacristain, car c’était lui qui devait nettoyer après la procession. »

L’iris des marais était le roseau le plus utilisé. Il est appelé parfois la « pave ». Selon le linguiste Dominique Fournier, on trouve  le nom de « pave » appliqué à des prés humides comme le Pré paveux à Putot-en-Auge.

À Ammeville, il existe encore un chemin de la Procession…

1953, Asnières 27, Reposoir
L’origine de la jonchée

Le terme de « jonchée » dérive de jonc, plante des prairies humides et des marais.

Dans Le livre des simples médecines de Matthaeus Platearius au XIIsiècle (sorte de dictionnaire de médecine à l’usage des apothicaires), on trouve une description de l’usage de l’iris des marais :   « Acore, iris ou glaïeul des marais : étalées sur le sol d’une pièce, les feuilles d’acore rafraîchissent merveilleusement l’air. Si on attache des feuilles d’acore aux ruches, les abeilles ne s’enfuiront  pas mais se multiplieront et en attireront d’autres. »