Rencontre singulière avec un millepertuis, l’androsème, qui pousse dans les bois et les endroits frais de Normandie…
Les millepertuis sauvages de nos talus sont des plantes singulières : les feuilles de la plupart des espèces contiennent de l’huile essentielle sous forme de gouttelettes emprisonnées dans l’épaisseur de la feuille. On les observe par transparence à la lumière du soleil, d’où ce nom de « mille pertuis » ou « herbe aux mille trous ».
Autrefois, durant l’été, on cueillait leurs tiges et les feuilles. Elles étaient mises à macérer dans de l’huile. Le bocal était exposé à la lumière du soleil. L’huile prend alors une teinte rouge sombre. Elle servait à soigner les brûlures et les petites coupures.
Une plante dans le missel
Près de Falaise, chaque été, une grand-mère emmenait sa petite fille Jacqueline cueillir une espèce de millepertuis qu’elle ne trouvait qu’en un lieu, près d’un bois un peu frais. Elle avait expliqué à sa petite-fille qu’elle venait chercher là chaque année cette plante dont elle ignorait le nom mais qui lui servait à « parfumer son missel ». Un jour, Jacqueline nous a apporté la plante au Jardin Conservatoire. Nous avons alors reconnu l’androsème (Hypericum androsaemum), une plante de sous-bois surtout présente en Cotentin, dans le Bocage, le long de la Touques et dans la forêt de Montpinçon.
Ce que Jacqueline ignorait et que ne lui avait pas dit sa grand-mère, c’est que l’androsème était utilisé par les anciens comme « chasse-diable »…