En Normandie, l’aubépine partage avec le prunellier le nom d’ « épinette », qui désigne un buisson épineux.
Les épines servent à « clore »
Les épines étaient utilisées pour clôturer les haies. Dans sa délibération du 23 décembre 1859, le conseil municipal de Saint-Pierre-sur-Dives fixe les « tarifs des droits à percevoir sur le marché, sous les halles, dans les rues et places publiques de la ville, soit 0,40 franc par 6 mètres de terrain occupé, ou censé l’être, par chaque charretée d’épine noire pour la clôture des haies… ».
A Montviette, un chemin creux qui part du bourg et monte vers le plateau s’appelle le « chemin de l’Épinette ».
Le tour des mares doit être infranchissable
La plupart des mares qui ont été creusées sur les plateaux du Pays d’Auge ont été protégées par des épineux. On les appelle les « mares closes ». L’arbuste le plus fréquemment planté est le prunellier, mais on rencontre aussi de l’aubépine. Sur le bord du chemin, la haie doit être impénétrable.
Autrefois, la haie fixait la limite de la propriété de la parcelle, mais il arrivait qu’un seul pied d’épine suffise à la borner.
Son bois très dur était utilisé par les tourneurs pour confectionner de la vaisselle en bois.
L’épine blanche et l’épine noire
L’épine noire n’est autre que le prunellier (Prunus spinosa) aux dards extrêmement piquants.
Elle est en fleur dès le mois de mars, tandis que l’épine blanche fleurit en mai. On dit que « quand l’épine blanche fleurit, le froid revient ».
L’épine à la Vierge
L’aubépine (Crataegus laevigata et Crataegus monogyna) est un arbre consacré à la Vierge, appelé aussi « épine à la Vierge ». Il était planté près des lavoirs. Les mères y mettaient à égoutter les linges des nouveau-nés afin de les protéger.
Près de Saint-Pierre-sur-Dives, pour le traitement des rhumatismes, on recommandait de « frictionner l’articulation douloureuse avec des fleurs d’aubépine ».
Au Mesnil-Durand, le fruit de l’ « épine blanche », préparé en confiture, soignait la bronchite.
L’Épine à la dame
Un arbre appelé l’ « Épine à la dame » est toujours visible à la sortie du village de Préaux-Saint-Sébastien pour rappeler un drame survenu ici au milieu du XVIIe siècle. Dans l’église, une plaque rappelle également cet événement tragique. À l’issue du pèlerinage à Préaux-Saint-Sébastien, deux groupes de pèlerins quittaient l’église. Mais l’un voulut devancer l’autre. Dans la mêlée qui s’ensuivit, un homme de la procession de Falaise provoqua la mort d’une femme de la procession de Ticheville.
Le tribunal ecclésiastique décida que la ville de Falaise ne viendrait plus à Préaux, mais qu’elle enverrait chaque année, en réparation, une délégation de bourgeois et de deux prêtres. Ils s’arrêteraient devant l’épine plantée à l’endroit de la tragédie, sans aller plus loin.
Dans les jardins et les parcs fleurit l’épine rose parfois double…