À Lisieux
Au milieu du XIXᵉ siècle, le jardin de l’Évêché de Lisieux est entièrement planté de roses prestigieuses ou nouvelles. Plus de 300 variétés y sont réparties selon un ordre qu’a soigneusement noté Arthème Pannier, membre de la Société d’émulation. Ce document est conservé à la Société historique de Lisieux.
Beaucoup de ces roses sont des obtentions des célèbres rosiéristes caennais : Pierre Oger et Gustave Thierry. Une toute nouvelle rose a été obtenue par les pépiniéristes lexoviens Jules et Gabriel Oudin : ′Génie de Chateaubriand′. Elle apparaît à six endroits dans les parterres du jardin de l’Évêché.
Jules-Auguste Oudin s’est exercé très tôt à la technique des hybridations et a obtenu, auparavant, des roses sans doute aujourd’hui disparues : ‘Perpétuelle Lindsey’ en 1845, hybride perpétuelle à grande fleur rouge pourpre, nuancée de rouge vif au centre, ‘Duchesse de Normandie’ en 1846. En 1850, il créera ‘Triomphe d’Oudin’, également introuvable. (D’après les recherches de Daniel Lemonnier, spécialiste des roses normandes à découvrir sur le site « Roses normandes ».)
« Une rose nouvelle »
Dans le journal Le Normand (journal de Lisieux et de Pont-l’Évêque) du 20 octobre 1848, on peut lire : « Le Calvados est un des départements de la Normandie où l’horticulture est le plus en progrès. La Ville de Lisieux surtout se distingue par ses améliorations horticoles. Voici en quels termes M. Victor Pâquet parle d’une nouveauté florale obtenue dans notre ville. « Rose Chateaubriand » – MM. Oudin de Lisieux, nous adressent une Rose très remarquable, à laquelle ils se proposent de donner le nom du grand littérateur dont l’histoire perpétuera à jamais le souvenir. Cette Rose appartient à la section des Perpétuelles-Hybrides […] Nous considérons leur Rose comme l’une des plus belles fleurs connues. Elle est d’un rouge ou plutôt d’un violet-évêque des plus beaux, et très odorante. »
« Les boutons ont le pédoncule très allongé, et forment un magnifique bouquet, qui succède à la fleur du centre, laquelle est très grande. Cette belle plante sera figurée dans l’Instructeur-Jardinier pour lequel nous nous sommes empressés de la faire peindre aussitôt l’avoir reçue de Lisieux. »
« Une rose aux reflets de velours noir »
La rose a été peinte en 1848, à la demande de Victor Pâquet, par le peintre L. Constans, probablement Léon Louis Aristide Constans (1815 1871) et la description du rosier a été publiée dans de nombreuses revues d’horticulture :
Dans la Revue horticole du 15 avril 1850, la description est signée Oudin (p. 141-142) :
« Végétation vigoureuse ; rameaux droits, à écorce lisse, garnis d’aiguillons arqués en dessous, rougeâtres sur les jeunes rameaux et prenant une teinte grise sur les anciens, acérés, se détachant très facilement […].Les feuilles sont planes en dessus, vert clair comme argenté en dessous ; elles sont presque toujours composées de 7 folioles, rarement de 5 […]. Les fleurs se développent à l’extrémité des branches. […].La fleur n’a jamais moins de 0m,09 à 0m,40 de diamètre, quelquefois davantage ; les pétales sont très amples et imitent par leur forme une coquille ; leur dimension diminue insensiblement de la circonférence au centre, lequel se trouve formé de pétales roulés en couronne.
La couleur dominante est d’un rouge ou plutôt d’un violet évêque des plus beaux ; des reflets écarlates et des nuances de velours noir en rehaussent encore l’éclat ; le revers des pétales est d’un lilas pâle comme argenté. »
Les descendants de Génie de Chateaubriand
La rose grimpante ′Veilchenblau′ a été obtenue, en 1909, d’un croisement entre ′Rosa rubifolia′ avec ′Souvenir de Brod′ issue elle-même de ′Génie de Chateaubriand′.