Depuis les débuts de l’agriculture, vers 6000 avant J.-C., les hommes ont su récolter les semences de céréales, de légumineuses et autres herbes et, tout doucement, en améliorer la qualité et le rendement.
Au XIXe siècle, grande époque du progrès technique, les horticulteurs et maraîchers se sont familiarisés avec les techniques de sélection et de récolte des semences. Aujourd’hui, malgré l’arrivée sur le marché des semences hybrides à haut rendement, beaucoup de jardiniers perpétuent cette pratique. Ils nous confient leur savoir-faire.
Pourquoi faire ses graines ?
- une alternative aux graines du commerce désinfectées aux produits chimiques
- diversifier les variétés cultivées au jardin
- réintroduire des variétés locales en voie de disparition
- se libérer du monopole des semenciers et des hybrides du marché
- vous détenez une variété intéressante : faire ses graines pour la diffuser autour de soi.
Choisir le porte-graine
Chaque type de plante impose une méthode particulière qu’il faut apprendre, espèce par espèce. Dans un rang de légumes, le porte-graine sera la plante ayant la meilleure allure ou les plus beaux grains ou fruits.
- Sur les salades, les anciens disent qu’ « il faut couper la laitue ou chicorée avant qu’elle ne monte. Elle rejette. Il ne faut récolter les graines que sur les tiges latérales. »
- Chez les ombellifères, le panais et l’angélique se récoltent et se sèment la même année. Les graines ne se conservent pas au-delà d’un an.
La carotte peut être replantée, en bonne place, au printemps qui suit pour lui permettre de fleurir puis de produire sa graine. La semence de carotte se conserve cinq à six ans.
- Les graines de potiron et celles de toutes les cucurbitacées ne peuvent être récoltées qu’après avoir pollinisé soi-même la fleur femelle et l’avoir abritée sous un voile. La plupart des cucurbitacées s’hybrident entre elles par pollinisation croisée des sujets.
- Les semences de tomates anciennes sont extraites du fruit très mûr et rincées à l’eau chaude afin d’en retirer l’enveloppe gélatineuse. Elles sont alors déposées sur une assiette puis ramassées dans un sachet de papier étiqueté.
- Les porte-graines du pavot ou de l’ancolie doivent être gardés bien droits, le temps du séchage, pour ne pas laisser échapper la semence.
Ainsi chez l’ancolie, une renonculacée, la fleur est une clochette tournée vers le sol. Mais, lors de la formation de la graine, les cinq follicules qui la contiennent se redressent vers le ciel et empêchent les semences de se déverser.
Les graines noires brillantes peuvent être semées dès la fin de l’année de récolte. Les ancolies colonisent volontiers les jardins.
Récolter, sécher
Il faut attendre que les graines soient bien formées et que le temps soit sec pour les récolter. Elles sont ensuite encore séchées à l’abri. Ainsi au Jardin Conservatoire à Saint-Pierre-sur-Dives, la serre n’est utilisée que pour mettre les graines au sec.
Conserver les semences
La conservation demande d’autres précautions : trouver le récipient qui n’altère pas la qualité de la graine, connaître la durée de germination des semences, protéger certaines graines d’attaques de parasites au cours du stockage.
Ainsi toutes les légumineuses (pois, fèves, haricots, gesses) doivent être gardées dans un congélateur pendant 48 heures pour tuer les larves de bruches. Les anciens les enferment avec de l’ail ou des feuilles de laurier. Pour une bonne conservation, il faut choisir le bon récipient : boîte en fer, en bois, en carton, mais éviter le verre où peut se déclarer une mauvaise fermentation. Les enveloppes et sachets de papier doivent être gardés dans une pièce sèche et aérée.
La durée de vie des semences est variable selon les espèces.