« Cette variété est aussi connue des vieux jardiniers du Cotentin sous le nom de « Prudent » ou « Prudon ». Il rappelle une variété normande le ‘Petit carré d’Hérouville’ », explique Georges Salliot, président de l’association des Jardins familiaux de Saint-Lô en 2006 en confiant quelques gousses de son précieux haricot aux guides du Jardin Conservatoire de Saint-Pierre-sur-Dives.
Une fiche descriptive accompagne les gousses confiées au Jardin Conservatoire :
- C’est une variété grimpante qui monte à deux mètres environ.
- Ses gousses en grappes de quatre à huit éléments ont une dizaine de centimètres de long.
Les renflements dus aux grains apparaissent rapidement mais le haricot reste tendre jusqu’à un état très avancé de sa maturité. - Le ‘Proudon’ est une variété remontante. Il produit une seconde fructification, certes moins abondante que la première, en fin d’été.
Prudon, Proudon, Prodommet et ‘Blanc de Maltot’
Depuis 2006, Montviette Nature interroge les personnes ressources. Il est connu et réputé bien au-delà du Cotentin. Un couple âgé venu de la Mayenne a apporté à Montviette Nature des graines d’un haricot que leur famille cultive depuis plus de soixante-dix ans : le ‘Prodommet’.
Le conservatoire de la ferme de Sainte-Marthe conservait dans ses collections un ‘Blanc de Maltot’. Cultivés tous dans les mêmes conditions, il s’avère qu’ils sont parfaitement semblables. Reste à mener maintenant une recherche génétique.
Et le ‘Prédome’ de Vilmorin et le ‘Prédome’ de Louis-René Le Berryais ?
Au XIXe siècle, dans l’ouvrage Les plantes potagères de Vilmorin-Andrieux est décrit un haricot ‘Prédome à rames’ appelé aussi « haricot Prudhomme, H. Prodommet, Pois anglais à rames ». Il est précisé que « Le H. Prédome est une des meilleures de toutes les variétés sans parchemin ; la culture en est très répandue en France, surtout en Normandie où il en existe deux ou trois formes qui diffèrent légèrement les unes des autres par les dimensions de la cosse et du grain. La maturité en est demi-tardive. »
En 1785, l’agronome Louis-René Le Berryais rédige un manuscrit sur la culture des haricots conservé à la bibliothèque patrimoniale de Avranches. Il y décrit un ‘Prédome blanc’ à rames : « haricot blanc sans parchemin. C’est le plus estimable de tous les haricots blancs. Il est d’un fort grand produit. Ses cosses petites, très nombreuses n’ont aucun parchemin, et sont comestibles jusqu’à ce qu’elles soient presque complètement sèches… »
En 1806, il complète son manuscrit par une série de quarante-neuf planches. La planche V, figure 2 montre le haricot ‘Prédome’.
Planche V, figure 2, Manuscrit sur les haricots, L.R.Leberryais, bibliothèque patrimoniale d’Avranches
Le transmettre
Il semble que ces descriptions se rapportent aux différentes variétés collectées depuis plus de trente ans en Normandie. Variété intéressante, savoureuse et facile à cultiver, il est important de la conserver et de la transmettre :
« Parce qu’il n’existe pas dans le commerce, ce légume exceptionnel doit être sauvé de la disparition. Gardez de la graine pour en offrir à d’autres jardiniers. Ils vous remercieront surtout quand ils les auront goûtés. Il faut sauver le haricot ‘Proudon’ ! » Richard Catherine et Georges Salliot (association des Jardins familiaux de Saint-Lô).