Melon de Honfleur – Étonnant melon

Melon ‘Sucrin de Honfleur’, ‘melon de Lisieux’ ou ‘de Notre-Dame de Courson’ : ce fabuleux melon était cultivé en plein champ en Normandie.
Jusqu’en 1914, le melon ‘Sucrin de Honfleur’ était cultivé sur les coteaux les mieux exposés au soleil autour de Lisieux, Honfleur, dans toute la vallée de l’Orbiquet (14) et jusque dans l’Eure (27).
Cette plante singulière a fait l’objet de très nombreuses publications, précises et finement détaillées, regroupées dans ces articles.
Pourra-t-on en retrouver la variété originale ? 

Derniers témoignages 
Affiche Foire Saint-Gorgon, Saint-Julien-de-Mailloc (14), 1836, Archives départementales du Calvados

À Beuvillers (14), Louis se souvenait en 1987 d’avoir goûté ce fruit peu après la Seconde Guerre mondiale : « Je me souviens : sa chair orangé foncé était très sucrée. »
À Tordouet, un ancien éleveur réservait le fumier de ses moutons pour la culture du melon de Honfleur. Enquête professeur Pierre-Noël Frileux, UFR Rouen, 1991

À Saint-Pierre-de-Mailloc, l’épicière avait gardé le souvenir de la foire de la Saint-Gorgon « dans le champ près de la chapelle des Quatre Mailloc. » Enquête 1992

« Les melons sucrins d’Honfleur peuvent peser jusqu’à 10 livres. Même aussi gros, ils sont savoureux et      sucrés» Enquête Pays de l’Orbiquet, 2009

« Ma grand-mère me parlait toujours des cantaloups. Elle en cultivait dans son jardin. Elle faisait un compost, et dessus elle cultivait des melons. Elle devait garder ses graines d’une année sur l’autre. C’était bon. Ils n’étaient pas couverts, ils descendaient par terre. On appelait ça faire une couche. Enquête Pays de l’Orbiquet, juin 2010

En 1937, les semences de melon de Honfleur sont encore au catalogue du grainetier Heusse, rue Pont-Mortain à Lisieux. Coll. Montviette Nature 

Extrait catalogue Heusse, Lisieux, 1937
Description 

Depuis le XVIIIe siècle, la culture du melon sucrin de Honfleur en plein champ et la taille exceptionnelle de son fruit ont marqué les curieux et inspiré de nombreux auteurs : agronomes, écrivains, illustrateurs…

M. Mustel, dans son Traité théorique et pratique de la végétation, dresse une liste des meilleures espèces de melons et cite le : « Melon d’Honfleur assez semblable au précédent [melon Morin], mais plus gros ; on le cultive en pleine terre dans une gorge à Honfleur, où il réussit parfaitement; mais il n’en est pas toujours de même dans les jardins. »
François-Georges Mustel, Traité théorique et pratique de la végétation contenant plusieurs expériences nouvelles & démonstratives sur l’économie végétale & sur la culture des arbres, Tome 4, Rouen et Paris, 1784, p. 523.

Michel Vivier, agronome et auteur de nombreuses notes sur le sujet, pensait que la description du « Gros Maraîcher » dans le Traité des jardins de Louis-René Le Berryais était celle du melon de Honfleur :
« Melon-Morin, Gros Maraicher […].  Ce melon est plus hâtif & plus gros que le précédent [Melon commun, Melon Maraicher], de forme sphérique, marqué à l’œil d’une espèce d’étoile ; la broderie de sa peau est très-relevée, sur un fond vert tirant sur le noir. Sa chair est fort épaisse, rouge, sucrée & vineuse. »
Louis-René Le Berryais, Traité des jardins, ou le nouveau de la Quintinye, Vol. 2, Jardin potager, Nouvelle édition, 1785, p. 281.

« MELON DE HONFLEUR , en Normandie, où on le cultive en pleine-terre, dans une gorge sablonneuse & très chaude : Cucumis Melo subrotundus, reticulatus, maximus. Un peu moins rond que le Morin, il est un tiers au moins plus gros ; sa chair, très-épaisse, d’un jaune rougeâtre, est couverte d’une écorce dont la broderie est lâche, souvent peu épaisse, & qui laisse soupçonner des côtes. Cette chair est fondante, très-aqueuse , bien sucrée, d’une saveur exquise quand le Melon rencontre le grain de terre qui lui convient, & l’exposition brûlante qu’il exige. »
Jean-Jacques Fillassier, Dictionnaire du jardinier françois, Tome 2, Paris, 1789, p. 32.

« Melon d’Honfleur, long, très-gros, à côte, chair rouge, vineux. Il n’est pas hâtif, il mûrit en Août et Septembre. Bon fruit, bois très-vigoureux. Il réussit en pleine terre dans des années favorables. »
Étienne Calvel, Du melon, et de sa culture sous châssis, sur couche et en pleine terre, A.-J. Marchant, Paris, 1805,     p. 33.

« Melon d’Honfleur. C’est un superbe melon, très gros, bien fait, ordinairement allongé, à larges côtes régulières, peu enfoncées, bien brodées. Sa chair n’est pas très fine, mais elle est pleine d’eau et de fort bonne qualité. »
Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique […] ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture, Tome 8, LIC-MYR, Déterville, Paris, 1809, p. 275-276.

Planche « Melon Morin, Melon de Honfleur et Melon de Langeais » Fonds Muséum d'histoire naturelle de Rouen

Melon d’Honfleur […]. Fruit plus allongé que le précédent [Melon de Langeais], auquel il ressemble quant au surplus du facies, excepté par l’attache du pédoncule, qui est beaucoup plus resserrée. Son bois est moins vigoureux. On voit de ces fruits très-gros et pesant de 30 à 40 livres. On lui laisse 2 ou 3 fruits. Moins tardif que le Coulommiers. Culture sur couche en tranchée sous cloches et sous papier. »
Aîné (Pierre Joseph ou Hector) Jacquin, Monographie complète du melon : contenant la culture, la description et le classement de toutes les variétés de cette espèce, suivies de celles de la pastèque à chair fondante, avec la figure de chacune dessinée et coloriée d’après nature, Rousselon et Jacquin Frères, Paris, 1832, pl. IV et p. 149.
(Fonds Muséum d’histoire naturelle de Rouen – Réunion des Musées métropolitains – Métropole Rouen Normandie) 

MELON DE HONFLEUR. […] Fruit très gros, allongé, à côtes assez marquées, finement brodé sur toute la surface, prenant à maturité une couleur jaunâtre un peu saumonée. Chair orange assez épaisse. La longueur du fruit peut atteindre facilement 0,35 m à 0,40 m, et la largeur 0,20 m ou 0,25 m. Quand il est bien venu, la qualité en est souvent excellente. Maturité demi-tardive. C’est, avec le Melon Cantaloup noir de Portugal, le plus volumineux de tous les melons cultivés sous notre climat. Il est également remarquable par sa très grande rusticité. »
Vilmorin-Andrieux et Cie, Les Plantes potagères, Description et culture des principaux légumes des climats tempérés, Vilmorin-Andrieux et Cie, Paris, 1883, p. 337.

« Melon de Honfleur. Fruit développé, allongé, brodé, à côtes assez marquées, vert pâle ; chair rouge orange, un peu grossière et un peu fade. Ce melon est cultivé avec succès en pleine terre bien exposée sur les côtes de Normandie ; il  est  très  rustique mais un peu      tardif. »
Gustave Heuzé, Cours d’agriculture pratique,  Les plantes légumières cultivées en plein champ […], Deuxième     édition, Paris, 1898, p. 308. 

Illustration Dufour de Villerose

« Melon de Honfleur, […], très-gros, ovoïde, très-allongé, à côtes bien marquées. épaisse broderie grise ; même qualité que le Coulommiers ; très-bon ; tardif comme tous les gros melons en général ; très-rustique. »
Dufour de Villerose, Culture du melon, Méthode simple et précise pour obtenir des melons d’une grosseur extraordinaire d’une qualité et d’un goût exquis, 4e édition, Auguste Gouin, Paris, 1856, p. 75.

Melons, catalogue Le Paysan, 1947, coll. Montviette Nature