La culture en plein champ a pris fin avec la guerre de 1914. On ne connaît pas l’état des récoltes de septembre 1914 quelques semaines après la mobilisation. Quelques catalogues de semences le proposent encore à la vente entre les deux guerres.
Un important grainetier des Ardennes belges, les Établissements Colard-Metz de Bastogne, les proposera de 1900 à 1914 avec les commentaires suivants : « Melon de pleine terre, très rustique, aux fruits particulièrement gros ».
Michel Vivier, « Le melon de Honfleur », in « À la fortune du pot. Du jardin à la table en Pays d’Auge », Le Pays d’Auge, n° 3, mai-juin 2001, p. 23..
L’Echo honfleurais du 1er septembre 1923 signale : « M. Guérin, maraîcher à La Rivière-Saint-Sauveur, a porté plainte pour vol de trois melons dans son jardin. »
En 1937, les semences figurent toujours au catalogue de la graineterie Heusse, rue Pont-Mortain à Lisieux. Coll. Montviette Nature.
Recherche et reconstitution
À la suite des enquêtes menées en Pays d’Auge, un essai de reconstitution a été fait par un collectionneur…
Entre 2010 et 2013, Frédérik, un collectionneur partenaire de Montviette Nature a fait différentes tentatives de reconstitution du melon à partir de melons méditerranéens. Les essais ont été plutôt concluants : poids, forme, couleur, chair orange foncé et bien sucrée semblaient conformes au type ‘Honfleur’…
Mais pour des raisons d’honnêteté intellectuelle et d’éthique, nous avons décidé de ne pas poursuivre ces tentatives de reconstitution.
D’autres melons normands à retrouver
La Normandie a développé d’autres variétés de melons, sans doute moins réputées, mais qui méritent aussi d’être recherchées :
Melon de Lingreville (50)
Des cultures associées… À Créances, les melons sont cultivés en plein champ ; « seulement, pour les garantir des vents, on entoure la pièce dans laquelle ils sont plantés de haies ou palissades, formées, les unes, avec des légumes à haute tige, comme des fèves, certains choux, ou des pieds d’oignons réservés pour graines ; les autres le sont avec des pailles enlacées : on cherche surtout à les garantir des vents de mer. »
« Congrès agricole de la Normandie, Rapport de la session générale annuelle de l’Association normande », Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie, Vol. 11, Caen, 1845, p. 285.
Dans les champs de Hauteville (50), « La culture des melons est rare, parce que les cultivateurs prétendent qu’elle n’offre pas toujours un prix assuré. » Ibidem., p. 279. « C’est à Lingreville que nous avons rencontré les plus riches melonnières. Elles se composent de 28 et de 35 rangs, et chaque rang de 15 à 26 pieds. Pour faire obtenir à leurs melons une maturité plus hâtive , les cultivateurs creusent un trou aux environs du fruit, afin que le soleil vienne le frapper et que sa réverbération chauffe le melon et le fasse mûrir. » Ibidem, p. 283.
Melon de Surtainville (50) recueilli par Montviette Nature en 1998. Les graines déjà trop anciennes n’ont pas germé.
Le Moscatello de Loisel
Loisel, directeur des jardins du marquis de Clermont-Tonnerre à Glisolles près d’Évreux (27), cultive les melons sur du fumier monté en cône jusqu’à une hauteur de 30 à 40 centimètres. Au sommet du cône, on dépose la graine que l’on recouvre d’une cloche ou de papier huilé.
Il cultive aussi un melon qu’on lui avait rapporté d’Italie, un moscatello (variété italienne ancienne de type cantaloup). Après croisement et divers essais de culture, il obtient une variété de moscatello très savoureuse et productive.
François-Ernest Loisel, Traité complet de la culture des Melons ou Nouvelle méthode de cultiver ces plantes sous cloches, sur buttes et sur couches, 2e édition, H. Cousin, Paris et Ch. Savy Jeune, Lyon, 1845, p. 50, 76 et 85.