Archives pour la catégorie Plantes cultivées

Les plantes de la guerre

« On a manqué de tout dès le début de la guerre. J’avais treize ans quand la guerre a commencé. » Marguerite, Montviette (14)
Les restrictions :
Janvier 1940 : premières pénuries alimentaires.
12 juillet 1940 : création d’un ministère de l’agriculture et du ravitaillement.
7 décembre 1940 : les services du rationnement sont mis en place dans les départements.
Dès le début de l’Occupation allemande en Normandie (mai 1940), la population manque de denrées essentielles, comme le blé, le pain, les pommes de terre, le sucre, l’huile ou le savon, mais aussi le café et le tabac. Alors on les remplace par des plantes de substitution.
« Au pensionnat à Livarot, à la rentrée de 1940, on nous servait au réfectoire des bettes justes cuites dans l’eau, sans aucun assaisonnement. C’était particulièrement mauvais ! » Denise, Madeleine Même si  « en ferme, on avait ce qu’il fallait. » Raymond

Carte de vin, Deauville, coll. Montviette Nature

Le pain noir 

« Les réquisitions, ça venait du gouvernement dans les mairies. Ils réquisitionnaient selon la grandeur de l’exploitation. On était imposés à donner aux coopératives du blé, de l’avoine, de tout, un peu de tout. » Vendeuvre (14)
« On faisait du pain d’orge, car le blé était réquisitionné. Dans la farine d’orge, il y avait des barbillons. Ça nous blessait les gencives. » Escures-sur-Favières (14)
« Dans l’Eure, pendant l’Occupation, on portait le grain et on revenait chercher la farine. » Yvonne
« On portait notre grain au moulin de Vicques. On allait porter le jour. «  Vous revenez dans deux jours.«  Il avait du boulot : tout le monde apportait du grain à moudre. » Raymond
« On a réparé les fours avec de l’argile et on a cuit le pain dans les fours. » Laurent, Orne
« Selon les familles, on avait la carte de pain. »
« Pour le repas de communion, on n’avait que du pain noir à l’époque. Nous, on est allés ramasser du blé à la campagne où il restait des trésiaux (gerbes de blé debout rangées en rond). Il ne fallait pas toucher aux trésiaux. Et on glanait dans le champ.
On est allés au moulin d’Ouville (Ouville-la-Bien-Tournée). La farine, on l’a donnée à Monsieur Clément, le boulanger. Il nous a fait du pain blanc. Pour nous, c’était une fête. » Marie-Thérèse, Donville, Saint-Pierre-sur-Dives (14)
« On a mangé du sarrasin, en bouillie. » Lisieux (14)
« Chez le boulanger, si le pain ne faisait pas deux kilos, il y avait un pain dans lequel le boulanger prenait un bout : le « pain de pesée ». » Saint-Pierre-de-Mailloc (14)
« Pendant la guerre, les boulangers ont attrapé la gale du pain. Ils avaient des croûtes sur les mains à cause de la farine qui était si mauvaise. » Montviette, Garnetot (14) 

Epis d'orge

Rutas et topinambours 

Avant l’Occupation, rutabagas et topinambours étaient cultivés comme plantes fourragères.
Le topinambour servait à l’engraissement des cochons. Dès 1940, il est consommé à la crème, à la vinaigrette ou avec seulement de la moutarde. « On a mangé des rutabagas en frites. Rien n’était perdu : les tiges et les feuilles étaient données aux lapins. »
« On a cultivé des haricots ‘Soissons’ à très gros grain. On les cultivait en grand. » Témoignages Jardin Conservatoire

Laisser de la terre pour les pommes de terre 

Dès 1941, « il a fallu laisser de la terre pour cultiver des pommes de terre en grand. » Livarot (14)
À Saint-Pierre-sur-Dives, tous les terrains en friche de la ville sont répartis en lots de 200 mètres carrés et confiés aux personnes qui veulent cultiver des légumes. Délibérations 1941 et 1942 (Archives communales)
« On mangeait des radis noirs, des bettes et des betteraves aussi. C’était cultivé sur le terrain de sport. » Saint-Pierre-sur-Dives (14)
« On a mangé la moelle des choux à vache, juste bouillie avec un peu de beurre. » Avranches (50), Témoignage Jardin conservatoire , 1er mai 2009
« Pendant la guerre, une partie du jardin a été cultivée en ‘Soissons’ et l’autre en pommes de terre. » Témoignage Jardin Conservatoire
« Ça germe ; il fallait égermer. Pour cultiver, on ne mettait en terre que les yeux des pommes de terre. » Témoignage Jardin Conservatoire
Entre les pages d’un Manuel de culture potagère publié en 1943, son propriétaire de l’époque a glissé un  « Plan de culture du jardin pendant l’Occupation, (42, 43) » annoté de méthodes de semis des scorsonères, navets, carottes et poireaux. E. Delplace, Manuel de culture potagère, E. Meyer éditeur, Paris, 1943. (Collection Montviette Nature) 

Chou à vache ou chou fourrager, Catalogue graines Le Paysan, 1947
Plan jardin d'Occupation (42 43), coll. Montviette Nature
Les jardins scolaires 

En février 1943, une circulaire de l’inspection académique du Calvados impose la création de jardins scolaires en ville comme à la campagne pour contribuer au ravitaillement national.
À Montviette, l’instituteur ouvre son jardin, situé devant son logement, aux élèves et fait un reportage photographique.

Des plantes sauvages :

« Sur le marché de Vimoutiers, on faisait passer des racines de consoude pour la scorsonère géante de Russie !» raconte Jean Bréteau.
« Les nonottes, c’est comme du radis blanc, tout petit dans les herbages. Ça pique un peu. Les gamins les ramassaient sur les talus. » Falaise, Trun (14) – Bailleul (61)
La génotte, ou noisette de terre (Conopodium majus, Apiaceae), est une petite plante assez commune. Elle pousse en bord de forêt, sur sols acides et légers. Son tubercule est comestible. 

« Du sucre avec du jus de pomme » 

« Pas de sucre. Le sucre, c’était pour les Allemands. » Vendeuvre (14)
« Au début de la guerre, dans la première maison où je travaillais, aussitôt on a manqué de sucre. » Toutainville (27)
« On a cuit de la rhubarbe sans sucre, de la compote sans sucre. Depuis, je n’ai plus mangé de rhubarbe. Rien que le mot rhubarbe… » Hélène, Caen
« On faisait une confiture de carottes à confiture, des carottes violettes, auxquelles on ajoutait un quart de pommes sures. » Grandmesnil (14)
Dans toute la Normandie, dans les fermes, on a fabriqué de la « compote de cidre » ou du « sirop de cidre » pour remplacer le sucre : « Mon père fabriquait du sucre avec du jus de pomme. On coupait des pommes dedans. On les cuisait très longtemps, dans une bassine en cuivre. Quand il était réduit, on arrêtait et on le mettait en pots. Ça faisait un sirop épais. On mettait des pommes de Duret. Ça n’avait pas tellement le goût de pommes, mais ça sucrait. » Marguerite, Montviette (14)
« Le sirop de cidre avec du cidre doux cuit, ça épaississait et on mettait en pots. » Vaudeloges (14) 

Sirop de cidre, reconstitution

Lierre et herbe à savon 

« On a fait du savon avec de la soude caustique, du gras de bœuf et une grosse poignée de feuilles de lierre. Elles cuisent, on ne les retrouve pas. Il faut faire bouillir longtemps avec un peu d’eau. Puis on versait dans un bidon coupé. Quand c’était bien froid, on coupait des morceaux. On laissait sécher sur une planche jusqu’à ce qu’ils ne collent plus. » Sainte-Marguerite-de-Viette (14)
« Pendant l’Occupation et bien après la guerre, on a refait la lessive à la cendre. On mettait le linge à tremper dans la cendre. Ils frottaient, rinçaient au lavoir. » Montviette. Le Pin (14)
« Ma mère me lavait le visage avec de l’herbe à savon. » Flers (61) 

Herbe à savon ou saponaire
Le tabac : « On a fumé des feuilles de noyer. » 

« On a manqué de tabac. Il fallait un ticket. J’avais l’âge d’avoir le droit à la carte ; j’avais un paquet de gris à rouler tous les mois. » Laurent
Le tabac a aussi beaucoup manqué. Certains on pu se procurer des graines en Belgique. « On avait droit à sept, huit pieds. Un grand tabac difficile à faire sécher. » À défaut, d’autres ont dû rechercher des plantes à sécher. « On a fumé des feuilles de topinambour et des feuilles de noyer. Il fallait les faire sécher et les couper en petits morceaux pour mettre dans la pipe. » Saint-Pierre-de-Mailloc (14)
« J’ai fumé des feuilles de pomme de terre. » Lisieux (14) 

Feuille de noyer
La cantine d’Occupation 

« Ils ont tiré la faim du ventre des gamins… » à Saint-Pierre-sur-Dives (14) 
« À l’époque de l’Occupation allemande,  on était une famille nombreuse, on était sept gamins. À Saint-Pierre, un couple qui n’avait pas eu d’enfants a ouvert une cantine pour les grandes familles. On avait du pain, du pain un peu mieux. » Marie-Thérèse
« Monsieur Gustave allait dans les fermes chercher des pommes de terre. Je me souviens : on mangeait du boudin et de la purée. Ils nous ont tiré la faim du ventre, et à tous les gamins. On n’était pas moins d’une quarantaine et pendant toute la guerre… »
« La cantine était entre l’église et l’école. C’était comme une grange. La cuisine était dedans. La mère d’un des enfants faisait toutes les peluches et son fils Lucien venait l’aider. » Marie-Thérèse, Monique, Saint-Pierre-sur-Dives (14)
Arthur Gustave, 1877-1950, est élu adjoint au maire en 1941. Avec son épouse, ils mettent en place la « cantine d’Occupation » dans un bâtiment près de l’abbatiale, aujourd’hui disparu. Arthur Gustave a reçu la médaille d’argent de la reconnaissance française à titre civil pour bon fonctionnement des services administratifs du 6 juin au 20 août 1944. 

La cantine d'Occupation, Saint-Pierre-sur-Dives, 1941, coll. Montviette Nature
Le « café de jardin » 

Depuis 1920, les familles ont pris l’habitude de boire un café, au moins le dimanche.
Le café vert est torréfié dans les bourgs. Dès 1940, il est remplacé :
« On grillait de l’orge ; des fois, des glands. Un bonhomme a fait du café avec des carottes jaunes coupées en rondelles et moulues… »

« Enfants, pendant et bien après la guerre, on nous envoyait récolter à la campagne deux ou trois rangs d’une fève très grande, cultivée pour le café. Les gousses étaient mises à sécher à l’abri. Le grilloir que l’on se passait de ferme en ferme, ou que l’on empruntait à l’épicerie du village, était un cylindre qui tournait au-dessus de la braise. Ce café était très gras. Un autre produit de remplacement du café fut la carotte jaune : on les coupait en tranches minces pour les griller au four jusqu’à ce que les morceaux soient cassants et d’une belle couleur marron. On peut alors les moudre. » Saint-Frimbault (61) 

« Le boulanger faisait griller l’orge dans son four à bois. » Vimoutiers (61) 

Grilloir à "café de jardin", coll. Montviette Nature
 Remplacer l’huile

« Pendant la guerre, l’huile c’était rare. » Renée, Grangues (14)
« Avant, on avait de l’huile d’olive, achetée en bonbonnes de cinq litres en verre et recouvertes de liège. On la mettait en bouteilles au fur et à mesure qu’on en avait besoin. » « L’huile on la remplaçait par de la crème pour la vinaigrette : une cuillère de crème, vinaigre, sel, poivre. » Montviette (14) 

Du vinaigre pour mariner 

« On a mangé du renard… Mon père le mettait toute la nuit dans le vinaigre. On avait du mal à s’y faire. Ma mère l’a fait mariner toute la nuit. Elle mettait ses morceaux à mariner dans le vinaigre avec des oignons, de l’ail, comme du civet. » Saint-Pierre-sur-Dives (14) 

Des fleurs à la Libération 

« On a donné des bouquets de fleurs aux Canadiens.» Jort (14)
« Une fleur, une seule, comme ça une rose. » Falaise (14)
« La veille, il y avait eu la tragédie de Saint-Michel-de-Livet. Une famille avait offert des fleurs aux Anglais. Des Allemands cachés les ont vus et les ont tués. Seuls survivants : une fille et un petit réfugié cachés sous un lit. Donc on n’a pas donné de fleurs aux Anglais. » Montviette (14) 

Autel des prisonniers et oratoires 

« Pendant la guerre, le curé Ménager avait dressé un autel dans l’église de Montviette (14).  On priait pour eux tous les dimanches. » Roger
« Après la Libération, les réfugiés de Saint-Georges-en-Auge (14) ont construit un oratoire à la Vierge, pour remercier d’avoir été épargnés. » Thérèse
À Saint-Pierre-sur-Dives (14), un autre oratoire à la Vierge est aménagé dans le mur du manoir des Roches. 

Bien après la guerre 

1er novembre 1945 : suppression de la carte de pain.
28 décembre 1945 : rétablissement de la carte de pain.
1er mai 1947 : la ration officielle de pain est fixée à 250 grammes par personne.
« Les tickets, ça a encore duré un moment.
« J’ai fait ma communion en 1947. Chacun amenait ce qu’il pouvait avec des tickets. On n’a pas fait de      menu. » Hélène, Caen 

Carte de pain, 1949

Recherche variétés normandes

Histoire des recherches

Dès 1987, en Normandie, des chercheurs se lancent individuellement à la recherche de variétés potagères disparues et collectent les semences de légumes encore cultivés dans de petits jardins :

  • Le professeur Pierre-Noël Frileux (1938-2015) dirige le laboratoire d’écologie de l’université de Rouen et prospecte en Pays d’Auge. Il a retrouvé le pois ‘Jaune fondant’.
  • Michel Vivier (1933-2019), agronome, collecte les savoirs des jardiniers dans les départements de l’Orne, la Manche puis dans le Calvados. Il sera le scientifique référent du Jardin Conservatoire de Saint-Pierre-sur-Dives. Il conservait une souche du cassis à grain blanc et recherchait le chou ‘d’Audouville’ cultivé près de Coutances (50).
  • Jean Nicolas (1926-2003), Huest (27), collectionneur de variétés anciennes, auteur d’articles à la revue Les 4 saisons du jardinage. Il conservait l’échalote à rames, le poireau-ail, le rosier ‘Reine des pimprenelles’.
  • Jacky Maneuvrier, Histoire et Traditions populaires, Le Billot (14), exposition « Il était une fois le jardin », 1994.
  • Frédérik Krielaart, collectionneur de variétés rares à Louviers (27).
  • Christiane Dorléans, membre de l’association Maison de l’écologie de Lisieux, à l’origine de la bourse aux plantes de la foire aux arbres de Lisieux et cofondatrice de l’association Montviette Nature (1990).
    À partir de 1990, Montviette Nature concentre les travaux de ces différents partenaires. La recherche de variétés locales est inscrite au projet 1000 communes d’Europe pour l’Environnement, au titre de la biodiversité des plantes cultivées.
    En juin 1995, le Jardin Conservatoire des fleurs et légumes, créé par la commune de Saint-Pierre-sur-Dives, devient une vitrine et un espace de collectage de savoirs et de plantes à usages normandes. Le Jardin paysan de Saint-Cyr-la-Rosière (61), la société d’horticulture de l’Orne, celle de Lisieux, le jardin de la Ferme-musée du Cotentin, l’association des Jardins familiaux de Saint-Lô, mènent une démarche analogue sur leur site.

Depuis 1990, une trentaine de variétés normandes ont été retrouvées. D’autres, comme le haricot ‘La Passion’, le pois ’Crotte de lièvre’ que des jardiniers ont confiés à Montviette Nature, n’ont pas encore été identifiées. Et, quel est le vrai nom de ce fameux haricot ‘Quatre-au-mètre’ ?

Catalogues de cultivateurs -grainiers normands, collection Montviette Nature
Variétés potagères recherchées

Dix catalogues de cultivateurs grainiers ou horticulteurs grainiers ont été recueillis. Ils ont été édités à Caen, Sourdeval-la-Barre, Rouen, Lisieux, entre 1901 et 1961.

Ils permettent de confirmer la culture de variétés typiquement régionales.
Nous les recherchons…

Asperges Pelpel, Cette variété a été obtenue dans mes cultures et a remporté le premier prix à plusieurs expositions ; recommandable par sa grosseur et sa qualité. catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909
Betterave de Rouen, catalogue E. Picard, Rouen, 1938 

Carotte de Lisieux, catalogue Heusse, Lisieux, 1937

Carottes

Carotte rouge demi-longue de Lisieux, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937
Carotte rouge demi-longue de Vimoutiers, catalogues André Heusse, Lisieux, 1937 – E. Picard, Rouen, 1938
Carotte rouge demi-longue de Luc ou de Caen, catalogues André Heusse, Lisieux, 1937 – A. Lenormand, Caen, 1901, 1909 –       R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941
Carotte rouge longue monstrueuse du Roumois, catalogue E. Rosette, Caen, 1928 

 

Céleris

Céleri plein blanc de Louviers (vrai) très trapu à côtes très larges, catalogue E. Picard, Rouen, 1938
Céleri à couper, ne gèle pas l’hiver, usité comme feuillage aromatique, idem

Céleri de Louviers, catalogue E. Picard, 1938

Chicorées 

Chicorée fine de Rouen, catalogues André Heusse, Lisieux, 1937 – R. Guesdon, successeur  Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 – E.  Rosette, Caen, 1928 – E. Picard, Rouen, 1938
Chicorée ‘Frisée fine de Rouen’, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 –                       A. Lenormand, Caen, 1901, 1909  –   E. Rosette, Caen, 1928 – I. Sénécal, Caen, 1961
Chicorée frisée dorée normande, volumineuse, le cœur très plein, blanchit seule, recommandée, catalogue E. Picard, Rouen, 1938

 

Choux

Chou pommé précoce de Tourlaville, (Prompt de Caen) Variété à pomme assez haute.               Convient pour la culture de primeurs précoce et vigoureuse, catalogue Le Paysan, 1947
Chou grappé de Cherbourg, catalogues André Heusse, Lisieux, 1937 – R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 – E.  Rosette, Caen, 1928
Chou prompt de Lingreville, récolte de la Manche, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 –  E. Rosette, Caen, 1928
Chou cœur de bœuf gros de Lingreville, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941

Chou pommé tardif Mortagne, extra, catalogues André Heusse, Lisieux, 1937 – E. Rosette, Caen, 1928
Chou pommé tardif de la Trappe, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937
Chou pommé du Pin, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937
Chou pommé tardif de la Manche, variété très productive et résistant bien à l’hiver, catalogue          E.  Rosette, Caen, 1928

Chou Milan gros, pied court de Caen, hâtif, extra, catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909
Chou Milan ordinaire, pied court de Caen, hâtif, extra, catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909 – E. Rosette, Caen, 1928 – I. Sénécal ,Caen, 1961
Chou de Milan ou pommé frisé d’Avranches, hâtif, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937
Chou de Milan ou pommé frisé de Caen, extra, idem  Chou Milan d’Avranches, idem

Chou de Quevilly petit, pomme de 0 m 20 de haut, arrondie, dure, très précoce et répandu aux environs de Rouen, catalogue E. Picard, Rouen, 1938

Chou Précoce de Louviers, excessivement précoce, pomme pointue, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941
Chou cabus précoce de Tourlaville (variété très cultivée en Normandie pour la production de printemps), idem
Chou de Lingreville, très bonne variété beaucoup employée en Normandie comme chou d’été, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 – E. Rosette, Caen, 1928

Chou Cœur de Bœuf gros, Chou de Cherbourg, Chou Grand-père, catalogue Le Paysan, 1947
De Mortagne blanc, Une des meilleures variétés tardives se conservant très longtemps, rendement énorme, catalogue I. Sénécal, Caen, 1961
Chou de Mortagne blanc. Pied court, belle grosse pomme aplatie et blanche, catalogue Le Paysan, 1947

 

Choux de deuxième et d’arrière-saison 

Chou brocolis tardif de Caen, pomme énorme se récolte en mai, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 – E. Rosette, Caen, 1928
Grappé de Cherbourg, pomme moyenne, excellente variété à planter serré, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941
De Mortagne, variété à grand rendement, très cultivée en Normandie, idem
Chou pommé tardif de la Manche, variété très productive et résistant bien à l’hiver, idem
Chou pommé tardif de Tinchebray, idem
Chou de Milan court hâtif de Caen, très bonne variété un peu hâtive, craint un peu les gelées, idem
Chou de Milan ordinaire de Caen, variété très recommandable, pomme moyenne dure, de bonne qualité, résiste bien au froid, idem
Milan pied court d’hiver dit de Caen
Variété très recommandée : pomme moyenne, très dure, excessivement frisée, de bonne qualité et se conservant longtemps. catalogue I .Sénécal, Caen, 1961
Chou de Quevilly gros, pomme d’un beau volume, très cultivé dans la région rouennaise,     catalogue E. Picard, Rouen, 1938

 

Fève de Barfleur, catalogue Guesdon, 1941

Fève blanche de Barfleur, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941

Haricot nain 'Petit carré de Caen', catalogue A. Lenormand, 1901

Haricots

Petit carré nain de Caen, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937
Petit carré de Caen ou prédome nain blanches, catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909
Petit carré de Caen nain, excellent, variété de haricot nain, très répandue en Normandie,      catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941

Haricot à rames blanc de Domfront, idem 

Laitues

Laitue blonde Grandval et Pontorson, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941

Laitue Mignonette de Saint-Lô, idem

Laitue Belle normande, extra brune d’été, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937 

Mâche de Rouen, catalogue E. PIcard, Rouen, 1938

Mâche

Mâche de Rouen,  ronde, verte, maraîchère, catalogue E. Picard, Rouen, 1938

 

Catalogue A. Lenormand, Caen, 1901

Navets

Navet gris long de Maltot, sec d’hiver, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937

Navet blanc d’été Lemarchand. Racines très régulières à peau très lisse, chair blanche d’excellente qualité, de plus elle a l’avantage d’être très lente à monter. catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909

Navet de Luc, extra, catalogue André Heusse, Lisieux, 1937

Navet de Rouen, catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909

Navet Gris de Luc, demi-long pointu, idem

Navet de Pontorson ou de Ducey aussi appelé « Navet de sarrasin », Revue de l’Avranchin, 1888, p. 576

 

Oignon

Oignon rouge pâle de Lingreville, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941 

Poireaux, catalogue E. Picard, Rouen, 1938

Poireaux

Poireau gros court de Rouen, catalogues André Heusse, Lisieux, 1937 – E. Picard, Rouen, 1938

Monstrueux d’Elbeuf, Tête d’anguille (M), Précoce. Atteint une grosseur énorme au bout de quelques mois. Ne drageonne pas au printemps. catalogue I. Sénécal, Caen, 1961

Très gros de Rouen, Très lent à monter à graine. Convient aussi bien pour l’hiver que pour l’automne. Rustique. idem

Poireau très gros de Rouen, excellent, énorme, rustique pour l’hiver, catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909 – E. Picard, Rouen, 1938 

Pois 

Pois ‘Crochu’, Valognes (50), enquête jardin de la Ferme-musée du Cotentin, 2002

Pois gris géant à fleur violette, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941

Pomme de terre ronde précoce de Caen, catalogue A. Lenormand, Caen, 1901

Pommes de terre 

Ronde précoce de Caen, catalogues A. Lenormand, Caen, 1901, 1909

Pomme de terre ’Chardon’ ou d’Argentan, revue Lyon-Horticole, 1934

Pomme de terre ‘Victor’, témoignages

Early rose, hâtive et très productive, à condition d’être plantée en terrain chaud, chair blanche, qualité bonne souvent de goût délicat, catalogue E. Picard, Rouen, 1938

D’autres variétés aux noms normands sont cultivées dans la région de Lyon ou en            Bretagne :
– ‘Jeannette’, obtention de M. de Ravenel, Falaise
– ‘Arlette’ (nouvelle, gain de M. de Ravenel de Falaise)
– ‘De Flers’ (Orne)
– ‘Valognaise’
– ‘Vitelotte de Caen’ 
– ‘Rosa de Cherbourg’ et ‘Rouge de Cherbourg’.

revue Lyon-Horticole, février 1881 

Radis

Radis jaune rond de Bayeux, catalogues R. Guesdon, successeur Maison Bazin-Simon, Sourdeval-la-Barre, 1924-1925, 1941

Enseigne du cultivateur grainier Bazin, Sourdeval-la-Barre
Publicité Graines Sénécal, Caen, bulletin société horticulture de Pont-l'Evêque, 1939, collection Montviette Nature

Trois poireaux normands

Depuis la fin du XIXe siècle, trois poireaux réputés ont été cultivés  par les maraîchers et dans les jardins de Normandie. À retrouver et à adopter… 

Page de couverture Graines Clause 1938, coll. Montviette Nature
Poireau ‘Monstrueux d’Elbeuf’

« Long d’Elbeuf ou tête d’anguille, très hâtif » Catalogue E. Picard, Rouen, 1938
« Variété de toutes saisons… , le poireau ‘Monstrueux d’Elbeuf’ assurera… des pieds d’un volume extraordinaire, demi-hauts, à feuilles larges, vert clair. » Catalogue Graines Clause, 1938
«  C’est le plus précoce de tous les Poireaux. Il précède le Poireau monstrueux de Carentan et grâce à sa végétation vigoureuse, devient sensiblement plus gros que ce dernier. Aucun bourrelet ne se formant à la base du pied, l’arrachage est très facile. Le Poireau Monstrueux d’Elbeuf est très résistant aux gelées. C’est dans la classe des poireaux demi longs, le véritable Poireau « universel » appelé à remplacer peu à peu toutes les variétés de poireau d’hiver et d’été. »  L’Agriculture nouvelle, 12 janvier 1929, p. 31.

Poireau gros court de Rouen 

« Vers 1830, on commençait à parler d’un Poireau gros court de Rouen, remarquable par sa grosseur. Un premier échantillon fut présenté en 1833 à la Société royale d’Horticulture de Paris. Les années suivantes, Pépin, jardinier-chef du Muséum, expérimentait cette variété nouvelle que les maraîchers adoptèrent ensuite pour la culture sous châssis. »   Georges Gibault, Histoire des légumes, Paris, 1912,              p. 171-172
À Elbeuf, à l’occasion de l’exposition horticole du 3 septembre 1876, M. Marinier présente trois poireaux gros de Rouen.  Bulletin Société d’horticulture d’Yvetot, 1876, p. 26.

Poireau très gros de Rouen, cat. E. Rosette, Caen, 1928.
Poireau ‘Monstrueux  de Carentan’

« Le Poireau monstrueux de Carentan, le roi des Poireaux, mis au commerce en 1874, est une forme améliorée du gros court de Rouen. » Georges Gibault, Histoire des légumes, Paris, 1912, p. 172.

« Ce poireau qui est encore peu connu a, selon moi dit l’exposant, plus d’un mérite : d’abord sa précocité unie à sa grosseur en fait une des meilleures acquisitions pour le printemps ; semé sur couches de bonne heure et exposé aux premiers beaux jours dans une terre bien fumée et bien préparée, il grossit promptement et atteint le volume d’un poireau ordinaire. Permettez-moi, cependant après avoir énuméré ses qualités de vous indiquer ses défauts ; s’il est précieux par sa précocité, il est à surveiller à cause de sa grande sensibilité au froid. Pendant l’hiver, il souffre de la gelée et surtout de la neige ; après la cuisson, il laisse un léger parchemin à chaque couche de feuilles ; mais ça n’a lieu qu’en hiver. »              M. Fosset (jardinier au château de Bourdainville), Bulletin Société d’horticulture d’Yvetot, 1876, 13 année, p. 4. (Collection bibliothèque de la SNHF) 

Des poireaux de Carentan sont « présentés sur le bureau » à l’exposition horticole d’Elbeuf  en juillet 1876.

Catalogue de semences Le Paysan 1947, coll. Montviette Nature
Poireau monstrueux de Carentan et gros de Rouen, cat. Vilmorin Andrieux, 1891, coll. Montviette Nature

Haricot ‘la Passion’ et haricot’ de Cherbourg

Cette variété peu documentée est difficile à identifier. Recueilli en 1998 à Vimoutiers auprès d’un jardinier qui le nomme ‘Saint-Sacrement nain’, ce haricot intrigue par sa forme et son coloris. Et, le haricot nain ‘de Cherbourg’ existe-t-il encore ? 

 

 

Manuscrit sur les haricots

La bibliothèque patrimoniale d’Avranches (50) conserve le  manuscrit n° 249 rédigé par  l’agronome Louis-René Le Berryais (1722-1807) sur les haricots connus au XVIIIsiècle.  Ce manuscrit n’a pas été         publié mais une grande part des descriptions  figure dans le Traité des jardins ou le nouveau de                    La Quintinie, 1775. Jointe à ce manuscrit, une série d’illustrations de magnifique qualité montre quelque 75 variétés de haricots.
La figure 2 de la  planche XX  est la représentation qui s’approche le plus du haricot ‘La Passion’, appelé aussi ‘Saint-sacrement nain’.
La variété désormais cultivée par Montviette Nature et présentée au public au Jardin Conservatoire de Saint-Pierre-sur-Dives pourrait-elle être ce haricot ‘de Perse’ illustré par Le Berryais mais qu’il ne décrit pas dans son manuscrit ?
Sa fleur est violine, les gousses longues contiennent en moyenne six à huit  grains de  couleur beige jaune tachés d’un rouge sombre aléatoire. Il se consomme en vert et sec. Il n’est pas farineux et très goûteux. Une variété intéressante à continuer de cultiver « pour qu’elle ne soit pas perdue » selon la volonté si ferme de  ce jardinier attentif…

Planche XX, figure 2, manuscrit de Louis-René Le Berryais, bibliothèque patrimoniale d’Avranches

Haricot 'La Passion' ou haricot 'de Perse' ?
Retrouver le haricot ‘Nain de Cherbourg’

Le Traité des jardins, ou Le nouveau de La Quintinie décrit une variété normande inconnue et sans illustration : « le haricot ‘Nain de Cherbourg’, Phaseolus humilis albus e violaceo variegatus. Ce haricot s’élève beaucoup. Ses feuilles sont grandes. Ses fleurs se lavent de violet. Il est fort hâtif ; donne pendant long-temps une grande abondance de belles cosses, tendres étant prises petites, un peu trop marbrées de violet ; contenant cinq, six belles  & grosses fèves légèrement marbrées de violet sur fond blanc un peu roux, l’œil bordé d’aurore, excellentes nouvelles & sèches. » Traité des jardins, ou Le nouveau de La Quintinie, troisième édition, lib.  Belin, Paris –  chez Manoury l’aîné, Caen – chez Le Court, Avranches, 1789. (Coll. Montviette Nature)
Sera-t-il possible de retrouver cette variété ?

Tulipes de Caen et de Rouen

La tulipe est une fleur sauvage présente de l’Asie à l’Europe occidentale et dans quelques stations d’Afrique du Nord. Cette espèce fut révélée au XVIe siècle par le sultan ottoman Soliman le Magnifique qui la fait cultiver dans ses jardins.
Introduite aux Pays-Bas vers 1600, les tulipes s’implantent très vite en Normandie. Dès le milieu du XVIIe siècle,  plusieurs variétés sont créées à Caen et à Rouen. Elles sont aussitôt représentées dans le décor des églises comme à Auvillars, La Cressonnière, dans le décor peint sur argile de l’église de Saint-Martin-du-Mesnil-Oury (14)…

Décor du 17e siècle peint sur argile, autel nord, église de Saint-Martin-du-Mesnil-Oury (14)
Le Floriste françois

Un botaniste caennais Charles de la Chesnée-Monstereul (1600-1660) se passionne pour cette fleur nouvelle. Il en identifie près de 200 variétés et les décrit dans un véritable catalogue dans son ouvrage           Le Floriste françois, Traitant de l’origine des Tulipes, paru en 1654. La bibliothèque de Caen en conserve un exemplaire publié en 1658, joliment illustré.
Le succès  de son ouvrage est tel qu’il sera réédité à Rouen  dès 1656 et 1658.  Puis, après sa mort,       l’ouvrage est repris sous le titre de Traité de la tulipe chez Charles de Sercy, éditeur.

Le Floriste françois, Charles de la Chesnée-Montereul, Rouen, 1658, cliché bibliothèque de Caen
Les variétés décrites

À Caen, à la fin du XVIIe siècle, de nombreuses  variétés sont obtenues et cultivées par des « curieux » comme l’amiral Ablin.  Une tulipe lui est dédiée,  appelée  l’ « Unique d’Ablin,  […] panaché d’un beau pourpre violet, rosesèche, et blanc. ».
Charles de la Chesnée-Monstereul décrit les formes et coloris de tulipes en Normandie, obtenues de semis :
‘Pourpre de Rouen’ ;
’Unique de Caen’ panachée, à grands panaches d’un rouge éclatant sur du beau blanc ;
‘Rouennoise’ ou ‘Chapelle’, rouge, colombin et blanc.
Que sont maintenant  devenues ces tulipes ?

Eglise de Repentigny, antependium, autel nord, 17e siècle

Dahlia bicolore à identifier

Dès les années 1920, ce dahlia pompon rouge et blanc fleurissait un peu partout en Normandie et en Belgique sans que l’on connaisse son nom… 

Grâce à Guy Dirix du site belge Belle Epoque Meise, nous avons obtenu de nouvelles informations données par un spécialiste du dahlia, Hubert Moens :
« On trouve encore çà et là cette curieuse variété très ancienne datant de plus ou moins 1850. Je l’ai personnellement rencontrée à Appelterre, Oignies-en-Thiérache (rapportée d’Arlon par ses parents), Rumst, Welle, Stavelot et Cerfontaine. Elle a effectivement la particularité de produire sur un même plant des fleurs qui sont toutes blanches, roses ou rouges, ou des fleurs qui sont une combinaison de ces couleurs.
En France, on utilise le nom ‘Madame Frisart’ et dans le livre de Michel Robert, l’ancien président de la Société française du dahlia, on peut lire que ce nom est celui de la dame qui a offert ce dahlia à sa maman. Dans la collection de Vrijbroek, il est repris sous le nom ‘Masquerade de Rumst’, nom donné par madame Friede Daems qui a trouvé ce dahlia à Rumst ; ce nom se rapporte également au jeu dans les couleurs.
Celui qui provenait de Cerfontaine a reçu le nom de ‘Bicolore de Cerfontaine’.
Ont-ils tous la même origine ?
Autour de l’année 2000,  [quelqu’un] l’a fait enregistrer sous  le nom ‘York and Lancaster’. Ce nom se réfère aux blasons des maisons de York et de Lancaster qui ont conclu la paix après de longues années de conflit. »
D’après Hubert Moens , spécialiste des dahlias au “Vrijbroekpark” à Mechelen (Malines), Belgique.

On avait plein de dahlias

« Si on avait des dahlias en fleur, on en emmenait quand on allait manger chez quelqu’un, emballés dans un bout de journal. » Vendeuvre (14)
Á Lisieux, en 1840, le pépiniériste Jules Oudin présente plus de 240 variétés cultivées dans sa pépinière de Saint-Désir. Bulletin des travaux de la Société d’émulation de Lisieux, 1er volume, Lisieux, 1846, p. 44.
Au jardin de l’Évêché, à Lisieux, « on y plantait des boutures de dahlias… », La feuille du cultivateur, journal d’agriculture pratique, Bruxelles, 1861.
En 1928, la graineterie Ernest Rosette à Caen propose une douzaine d’obtentions dédiées à des villes du Calvados, comme  ‘Caen 1926’, dahlia décoratif à « grande fleur fraise écrasée longues tiges » ou  ‘Villers-sur-Mer’, dahlia cactus « pourpre de Tyr ». E. Rosette, Catalogue de graines & plantes, Caen, 1928. (Coll. Montviette Nature)
À Vire, vers 1950, l’établissement Prével Frères était un obtenteur-producteur réputé. Leur grand succès, ‘Vire, ville martyre’ créé en 1951,  a hélas disparu. En 1965, leur catalogue comptait plus de 300 variétés. Recherches menées grâce à Jean-Pierre Dubuche, Association des collectionneurs virois.

« Nous, on ne les rentrait pas, juste de la paille sur le pied. On les divise au printemps à la pousse.  Avec un pied, on en faisait trois ou quatre. » Dozulé (14)
« Avant de les planter, on les laisse faire leurs petites pousses dans la cave. » Sassy (14)
« Les gros, pour avoir de belles fleurs, je les pinçais. » Thiéville (14)

Ce dahlia pompon rouge et blanc, variable au point qu’apparaissent sur le même pied une fleur toute rouge ou une toute blanche, est cultivé partout en Normandie,  et plus largement en Europe du Nord, sans avoir été parfaitement identifié. Jusqu’à aujourd’hui, son obtenteur est inconnu. De nouvelles recherches à mener pour mieux le connaître…

Melon de Honfleur – Sa disparition

La culture en plein champ a pris fin avec la guerre de 1914. On ne connaît pas l’état des récoltes de septembre 1914 quelques semaines après la mobilisation. Quelques catalogues de semences le proposent encore à la vente entre les deux guerres.

Un important grainetier des Ardennes belges, les Établissements Colard-Metz de Bastogne, les proposera de 1900 à 1914 avec les commentaires suivants : « Melon de pleine terre, très rustique, aux fruits particulièrement gros ».
Michel Vivier, « Le melon de Honfleur », in « À la fortune du pot. Du jardin à la table en Pays d’Auge », Le Pays d’Auge, n° 3, mai-juin 2001, p. 23..

L’Echo honfleurais du 1er septembre 1923 signale  : « M. Guérin, maraîcher à La Rivière-Saint-Sauveur, a porté plainte pour vol de trois melons dans son jardin. »

En 1937, les semences figurent toujours au catalogue de la graineterie Heusse, rue Pont-Mortain à Lisieux. Coll. Montviette Nature. 

Extrait catalogue Heusse, Lisieux, 1937
Recherche et reconstitution

À la suite des enquêtes menées en Pays d’Auge, un essai de reconstitution a été fait par un collectionneur…

Entre 2010 et 2013, Frédérik, un collectionneur partenaire de Montviette Nature a fait différentes tentatives de reconstitution du melon à partir de melons méditerranéens. Les essais ont été plutôt concluants : poids, forme, couleur, chair orange foncé et bien sucrée semblaient conformes au type ‘Honfleur’…

Mais pour des raisons d’honnêteté intellectuelle et d’éthique, nous avons décidé de ne pas poursuivre ces tentatives de reconstitution. 

Melon type Honfleur obtenu par Frédérik en 2012
D’autres melons normands à retrouver 

La Normandie a développé d’autres variétés de melons, sans doute moins réputées, mais qui méritent aussi d’être recherchées :

Melon de Lingreville (50)
Des cultures associées… À Créances, les melons sont cultivés en plein champ ; « seulement, pour les         garantir des vents, on entoure la pièce dans laquelle ils sont plantés de haies ou palissades, formées, les unes, avec des légumes à haute tige, comme des fèves, certains choux, ou des pieds d’oignons réservés pour graines ; les autres le sont avec des pailles enlacées : on cherche surtout à les garantir des vents de mer. »
« Congrès agricole de la Normandie, Rapport de la session générale annuelle de l’Association normande », Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normandie, Vol. 11, Caen, 1845, p. 285.
Dans les champs de Hauteville (50), « La culture des melons est rare, parce que les cultivateurs prétendent qu’elle n’offre pas toujours un prix assuré. »  Ibidem., p. 279.                                                                                                                                                                                                            « C’est à Lingreville que nous avons rencontré les plus riches melonnières. Elles se composent de 28 et de 35 rangs, et chaque rang de 15 à 26 pieds. Pour faire obtenir à leurs melons une maturité plus hâtive , les cultivateurs creusent un trou aux environs du fruit, afin que le soleil vienne le frapper et que sa réverbération chauffe le melon et le fasse mûrir. »  Ibidem, p. 283.

Melon de Surtainville (50) recueilli par Montviette Nature en 1998. Les graines déjà trop anciennes n’ont pas germé.

Le Moscatello de Loisel
Loisel, directeur des jardins du marquis de Clermont-Tonnerre à Glisolles près d’Évreux (27), cultive les melons sur du fumier monté en cône jusqu’à une hauteur de 30 à 40 centimètres. Au sommet du cône, on dépose la graine que l’on recouvre d’une cloche ou de papier huilé.
Il cultive aussi un melon qu’on lui avait rapporté d’Italie, un moscatello (variété italienne ancienne de type cantaloup). Après croisement et divers essais de culture, il obtient une variété de moscatello très savoureuse et productive.
François-Ernest Loisel, Traité complet de la culture des Melons ou Nouvelle méthode de cultiver ces plantes sous cloches, sur buttes et sur couches, 2e édition, H. Cousin, Paris et Ch. Savy Jeune, Lyon, 1845, p. 50, 76 et 85.

Melons, catalogue Le Paysan, 1947, coll. Montviette Nature

Melon de Honfleur – Sa culture, un modèle de savoir-faire

En 1949, alors que la culture du melon en plein champ est abandonnée depuis 1914, la      revue Rustica publie encore une méthode dite « de Honfleur » pour cultiver des melons…
Rustica, n° 19, 8 mai 1949. 

Méthode de culture dite de Honfleur, Rustica, 8 mai 1949, coll. Montviette Nature

À suivre douze extraits publiés depuis la fin du XVIIIe siècle  présentant les méthodes de culture  du melon de Honfleur.

Dans le Cours complet d’agriculture…, on ne cite pas explicitement le melon de Honfleur, mais on décrit la méthode de culture des melons à Honfleur et on la compare à celle pratiquée aux environs de Paris.
Cours complet d’agriculture théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire […], ou Dictionnaire universel d’agriculture, Tome 6, Paris, 1785, p. 484-485.

«  Méthode de cultiver les Melons à Honfleur »
Voir Journal des départemens de la Mozelle, de la Meurthe, de la Meuse, des Ardennes et des Vosges, 10 mars 1791, p. 76-77.

Dans son ouvrage, Étienne Calvel consigne la lettre d’un cultivateur de melons qui lui décrit la méthode qu’il pratique avec succès dans la région de Honfleur. Au sujet de l’arrosage, ce dernier dit : « Nous nous gardons bien de forcer d’arrosemens, qui nuiraient à la qualité. Le melon n’a pas autant besoin d’eau qu’on le pense ; les vapeurs de l’atmosphère sont pour nous un léger arrosement, assez sensible dans la végétation. Je ne doute pas que ces vapeurs salines ne contribuent en partie à nous donner les plus beaux et les meilleurs melons de France […]
Étienne Calvel, Du melon, et de sa culture sous châssis, sur couche et en pleine terre, Paris, A.-J. Marchant, 1805,      p. 25-29.

« Quelques cultivateurs des départemens de l’ouest ont essayé de cultiver le melon en pleine terre, et        plusieurs ont bien réussi : c’est principalement aux environs de Honfleur qu’on a obtenu les plus grands       succès ; on peut en juger par les beaux fruits qu’on porte à Paris tous les ans. Je passai au Palais-Royal il y a deux ans, et je vis sur un melon de Honfleur ces mots : Je pèse 36 livres, et je vaux 36 francs. Je dînai chez M. Vilmorin la même année ; il y avoit sur la table deux melons de Honfleur qu’il avoit fait venir pour en tirer la graine et s’assurer de l’espèce : ils pesoient chacun environ trente livres. […] Les cultivateurs de Honfleur attribuent leurs succès en partie aux pluies et aux vapeurs qui leur viennent directement de la mer, et qui contiennent des parties salines. »
Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique […] ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture, Tome 8, LIC-MYR, Déterville, Paris, 1809,  p. 259-260.

M. Montaigu, Mémoire sur la culture des melons dans le département du Calvados, et particulièrement à Honfleur et aux environs de Lisieux, F. Poisson, Caen, 1828, 12 p. (Extrait des Mémoires de la Société royale d’Agriculture et de Commerce de Caen, 1830)       https://www.bmlisieux.com/normandie/melons14.htm

« L’article de M. Montaigu est trop long pour être rapporté ici, et une analyse ne le ferait pas assez connaître. Nous dirons donc seulement qu’à Lisieux on élève les melons sous des châssis, dont les panneaux sont semi-cylindriques et garnis de papier oint d’huile de lin pour le rendre plus transparent, tandis qu’à Honfleur, où la température est moins favorable à cause de la proximité de la mer, on est obligé d’élever les melons sous cloches ou sous des châssis de verre; que la multiplication par boutures y est pratiquée depuis fort longtemps; qu’on y voit souvent des melons de 30 livres et plus; qu’à Lisieux on plante chaque année de 50 à 60 mille pieds de melons, qui produisent de 100 à 120 mille fruits; qu’à Honfleur chaque pied de melon rapporte 12 à 15 francs dans les bonnes années. »
Bulletin des sciences agricoles et économiques, Vol. 14, 1830, p. 167. 

Fleur mâle, Leçons de choses, vers 1920

Aîné Jacquin dans sa Monographie complète du melon distingue et détaille également deux méthodes de culture, celle de Honfleur et celle de Lisieux. Il tient ses renseignements de      M. Philippe, cultivateur à Lisieux. Celui-ci « prétend que la variété cultivée à Lisieux n’est pas le véritable melon de Honfleur. Elle est plus petite, plus ramassée et plus couverte ou brodée.  […]

Le lieu où l’on cultive doit être abrité du vent du nord ; s’il ne l’est pas naturellement, on fait des abris provisoires avec des branchages, des paillassons, etc. Lorsque les branches ont environ dix pouces, on en pince l’extrémité et on en agit de même à l’égard de celles qu’elles produisent. On sarcle et on arrose, mais rarement, à cause des vapeurs qu’entretient le voisinage de la mer ; vapeurs auxquelles les cultivateurs de Honfleur attribuent les qualités de leurs melons. Ceux-ci au reste, comme presque tous les maraîchers, perdent beaucoup par le transport. […]

On préfère généralement à Lisieux la graine qui a cinq ou six ans ; on la recueille sur les fruits les plus mûrs, et on choisit celle qui tient aux tranches supérieures du melon. Les uns la sèment sans préparation, les autres la font tremper pendant vingt-quatre heures dans du lait doux, dans du vin ou de l’eau de vie à 14 ou 15 degrés. […]

Cette culture, dont les indications nous ont été données par M. Oudin, fleuriste à Lisieux, est assez bien entendue ; il serait plus avantageux seulement de mettre plus d’espace entre les pieds. Elle est plus       économique que celle de Honfleur, où l’on emploie le verre de préférence. On cultive principalement le melon de Honfleur qui paraît y mieux réussir. Cependant on y cultive aussi les cantaloups. On ne voyait       autrefois que quelques cultures de melons dans les gorges et les vallons bien exposés. On en cultive aujourd’hui dans toutes les situations. On fait de 50 à 60,000 pieds de melons annuellement, dont on estime le produit à 50 ou 60,000 francs. 

M. Montaigu, dans les Annales d’horticulture, dit avoir obtenu, en cultivant à la manière de Lisieux et de Honfleur, 160 fruits sur 60 pieds qu’il avait plantés au jardin des plantes de Caen. Ce succès, obtenu en 1823, année peu favorable, prouve que la culture du melon sans verre peut réussir parfaitement dans d’autres localités que celles environs de Lisieux et de Honfleur. »
Aîné (Pierre Joseph ou Hector) Jacquin : Monographie complète du melon : contenant la culture, la description et le classement de toutes les variétés de cette espèce, suivies de celles de la pastèque à chair fondante, avec la figure de chacune dessinée et coloriée d’après nature, Rousselon et Jacquin Frères, Paris, 1832, p. 84-90.

« Note sur la culture du melon en pleine terre » « Le melon est cultivé en pleine terre à Honfleur, à Lisieux, à Orbec : dans ces pays on en récolte des milliers et on en fait un objet important de commerce.
M. Noget, curé d’Aubigny, près Falaise, a été pendant longtemps curé dans le canton d’Orbec ; il y faisait avec succès des melons en pleine terre : dans sa nouvelle paroisse il a fait des essais qui ont parfaitement réussi. Un grand nombre d’amateurs l’ont imité, et maintenant les melons en pleine terre prospèrent aussi bien aux environs de Falaise que dans le pays d’Auge, quoique le sol y soit d’une qualité bien inférieure.

Pourquoi n’en serait-il pas de même à Evreux ? Les essais faits en différentes années par plusieurs jardiniers de cette ville ne laissent aucun doute à cet égard. Moi-même, l’an dernier, j’ai récolté ainsi de très-beaux et de très-bons melons en pleine terre.

Cependant aux foires et marchés de tout l’arrondissement, nos voisins viennent vendre les leurs avec      profit ; mais ces fruits coupés pour la plupart avant le [temps], afin qu’ils puissent supporter le voyage, mûris seulement par les secousses du transport, relevés des marchés de la Basse-Normandie ou du Mans, dont ils sont souvent le rebut, doivent-ils faire nos délices ?

Nous engageons donc les amateurs, dans un pays où il y a tant de jardins, à y cultiver des melons en pleine terre, et sans couches, sans cloches et sans embarras, ils obtiendront le même succès que nos jardiniers. »
M. Bordeaux, « Note sur la culture du melon en pleine terre », Bulletin de l’Académie ébroïcienne : suivant les réglemens de l’ancienne Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Eure, 1833,                p. 101-102.

Traité de la culture du melon, Marquis de Chambray, illustration CRÉe du lycée de Chambray (27)

 

Dans son Traité de la culture du melon, sur couche sourde et en pleine terre, Georges marquis de Chambray écrit : « C’est dans les vallées de Lisieux et d’Orbec, ainsi que je l’ai dit, que ce procédé de culture est particulièrement pratiqué. On y emploie des châssis de papier huilé, pour élever le plant ; le lève-melon pour transplanter ; et des feuilles de papier huilé pour le couvrir après la transplantation. La taille y consiste à étêter le plant, à supprimer les branches cotylédonaires, et à arrêter les branches tigiaires immédiatement au-dessus de la troisième feuille, et les branches secondaires également au-dessus de la troisième feuille.

L’espèce que l’on y cultive le plus, et qui réussit le mieux, est le gros maraîcher, plus connu sous le nom de melon de Honfleur : cette espèce a une belle végétation, est du nombre de celles qui donnent les plus gros fruits, et tient le milieu entre les melons hâtifs et les melons tardifs. »
Georges marquis de Chambray, Traité de la culture du melon, sur couche sourde et en pleine terre, Nevers et Paris, 1835, p. 76 . ‹Document aimablement confié par le CRÉe de Chambray (27)›

Il compare également les méthodes de culture du melon de Lisieux et de Honfleur.
Ibidem, p. 79-80. 

Planches 3 et 4, Georges marquis de Chambray

 

Jean-François Couverchel dans son Traité des fruits, tant indigènes qu’exotiques écrit ceci : « Melon de Honfleur. Les observations qui précèdent [melon de Langeais] s’appliquent également à cette variété ou sous-variété ; car, abstraction faite de son volume, qui est généralement plus considérable, et de l’insertion du pédoncule, qui offre moins d’étendue, les autres caractères ne présentent pas de différences sensibles. Le climat de Honfleur paraît lui être très favorable, car il n’est pas rare de trouver des fruits du poids de 30 à 40 livres.
L’influence du climat et du sol est telle sur la végétation, que nous ne doutons pas que, si le melon de Langeais était cultivé à Honfleur et celui de Honfleur à Langeais, ces variétés ne perdissent, après quelques années de culture, les caractères qui les distinguent. »
Jean-François Couverchel, Traité des fruits, tant indigènes qu’exotiques, ou Dictionnaire carpologique : comprenant l’histoire botanique, chimique, médicale, économique et industrielle des fruits […], Bouchard-Huzard, Paris, 1839,     p. 233. 

Fleur femelle, Leçons de choses, vers 1920

Victor Pâquet, rédacteur du Journal d’horticulture pratique décrit les soins à donner aux melons en mai : « Faisons à 2 ou 3 mètres de distance les uns des autres des trous d’une profondeur de 25 à 30 cent. (et même moins si le climat n’est pas très-froid), d’un diamètre de 50 centimètres à 1 mètre. Remplissons ces trous de fumier à moitié consommé jusqu’à ce qu’il y en ait plusieurs centimètres au-dessus du sol, ayant le soin de piétiner souvent pour prévenir le trop prompt affaissement de ce cône tronqué que l’on recouvre de 18 à 25 centimètres de terre grasse et substantielle ou de bon terreau, ce qui vaut mieux encore. On place sur cette butte une cloche en verre ou seulement une feuille de papier huilé supportée sur deux gaulettes en croisillon. Après un jour ou deux cette petite butte est échauffée, on y sème deux ou trois graines de melon ou on y en repique deux pieds élevés ailleurs ou pris chez un ami ; on donne ensuite à ces plantes les soins convenables pendant la durée de la végétation. Il n’est pas nécessaire de conserver les cloches ou le papier tout l’été ; une fois les grandes chaleurs arrivées, on laisse sans danger le plant exposé aux influences de la saison. C’est ainsi qu’à Honfleur, dans la vallée d’Orbec et les environs de Falaise (Calvados) on cultive le gros Melon dit d’Honfleur, et ce sont à peu près aussi les principes exposés par M. Loisel dans un excellent Traité complet de la culture des Melons. »
Journal d’horticulture pratique ou Guide des amateurs et jardiniers, Première année, Bruxelles, F. Parent, 1844,        p. 71.
Voir aussi : François-Ernest Loisel, Traité complet de la culture des Melons ou Nouvelle méthode de cultiver ces plantes sous cloches, sur buttes et sur couches, 2e édition, H. Cousin, Paris et Ch. Savy Jeune, Lyon, 1845.

Illustration du cône de Loisel, 1845, p. 20

« Lorsque le plant est prêt à être repiqué, on se sert du « lève-melon » que les ferblantiers d’Orbec          fabriquent à cet usage. »
Annie Fettu, Une culture insolite et oubliée… les melons de l’Orbiquet, Service éducatif des Archives départementales du Calvados.

 « On répandait de la brique pilée à leur pied pour obtenir de plus beaux fruits. Lorsqu’il       arrivait que des melons se fendent après une pluie, on saupoudrait du sucre dans la fente. »   Pierre Mesnil, jardinier Ouilly-le-Vicomte (14) 

 

Protections du melon à sa mise en terre fin mai, début juin  

 

Cultivé en plein champ, le melon doit être protégé des gelées matinales au moment de sa mise en terre. Plusieurs méthodes ont été expérimentées…

Montaigu, 1830, illustration Médiathèque André Malraux, Lisieux

M. Montaigu, Mémoire sur la culture des melons dans le département du Calvados, et particulièrement à Honfleur et aux environs de Lisieux, F. Poisson, Caen, 1828, 12 p. (Extrait des Mémoires de la Société royale d’Agriculture et de Commerce de Caen, 1830)         https://www.bmlisieux.com/normandie/melons14.htm 

 

« En Normandie, en Picardie, en Touraine et en Anjou où on cultive les melons en pleine terre, et surtout à Honfleur et à Coulommiers, on les risque rarement tout à fait en pleine terre; ordinairement on les abrite avec des couvertures faites avec du papier huilé soutenu par un petit bâtis en bois, dont l’ensemble fait office de cloches à melons. Dans ces localités on fait d’avance ces cloches de papier, et, au moment de leur emploi, on les imbibe d’huile de graine de lin, la meilleure pour cet objet. Peut-être l’application de ces cloches en papier pourrait être utilement faite à d’autres cultures qu’à celles du melon. »
Cours complet d’agriculture, ou Nouveau dictionnaire d’agriculture théorique et pratique, d’économie rurale et de médecine vétérinaire, Tome 14, Pourrat Frères, Paris, 1837, p. 67. 

Technique du papier huilé : « On colle le papier sur les cerceaux quelques jours à l’avance, et lorsqu’il est bien sec, on l’imbibe partout avec un morceau d’étoffe en laine trempé dans l’huile de lin. C’est celle que l’on préfère comme donnant au papier une plus grande transparence. Il faut que les châssis soient préparés huit ou dix jours avant de faire la couche, autrement la buée ferait décoller le papier. Celui-ci ne s’imbiberait pas également et les melons en sortant de terre pourraient être brûlés, si l’huile n était pas bien embue, et s’il en restait plus dans une place que dans une autre. Cette observation est de rigueur pour l’emploi du papier huilé. »
Aîné (Pierre Joseph ou Hector) Jacquin, Monographie complète du melon : contenant la culture, la description et le classement de toutes les variétés de cette espèce, suivies de celles de la pastèque à chair fondante, avec la figure de chacune dessinée et coloriée d’après nature, Rousselon et Jacquin Frères, Paris, 1832, Note p. 85. 

Au début du mois de juin, les jeunes plants sont repiqués à l’aide du lève-melon dans les        toupins, biens préparés avec du fumier chaud.

Pour les protéger des gelées tardives, on les abrite sous un petit tunnel en papier huilé.
Deux feuilles de papier huilé sont maintenues par deux petits bois en croix.

Le papier huilé est fabriqué aux moulins à papier de La Cressonnière, Saint-Martin-de-Mailloc, Glos. On foule les chiffes de lin ou de chanvre que l’on transforme en papier. Ce     papier est enduit d’huile de lin. « Ainsi traité, ce papier résiste à la pluie et au froid. » À la Saint-Jean, le 24 juin, les plants sont assez forts : on enlève les papiers à melons.

À la floraison, les melons sont pincés, « châtrés » pour ne conserver que deux ou trois fruits par pied. Ils mûrissent isolés du sol par un tuileau.
Recherches Annie Fettu, Archives départementales du Calvados et notes pour la revue Une autre regard, Falaise, 2007. 

Melon de Honfleur – Éléments d’histoire

Les historiens situent l’introduction des melons en Normandie au XVIe siècle. Près de Cherbourg (50), Gilles de Gouberville, écrit dans son Journal avoir reçu le 19 août 1549 en cadeau de son boucher un « pompon » (ou pepo pour melon). Cependant, les données historiques sur les débuts de sa culture sont fragmentaires. Quelques traces et représentations éclairent sur sa présence en Normandie.

À Lisieux, Claude Lemaître, spécialiste des céramiques du Pays d’Auge, avait recueilli un épi de faîtage couvrant un manoir du XVIIe siècle et représentant un melon de forme comparable au melon de Honfleur.

Dans un autre manoir proche de Lisieux, les portes de la salle sont surmontées  d’une imposte représentant, chaque fois au milieu d’autres fruits, un melon de Honfleur. Décors datés de la fin du XVIIIsiècle. 

Cliché Jean Bergeret, revue Le Pays d’Auge.
Cliché Jean Bergeret, revue le Pays d'Auge

 

« 1769-1784. […] Avis d’expédition de fournitures, notamment de melons de Honfleur. » Fonds de l’intendance de la Généralité de Rouen et de ses subdélégations, C.1080.

« L’article de M. Montaigu est trop long pour être rapporté ici, et une analyse ne le ferait pas assez connaître. Nous dirons donc seulement qu’à [ …] Honfleur […] on y voit souvent des melons de 30 livres et plus; qu’à Lisieux on plante chaque année de 50 à 60 mille pieds de melons, qui produisent de 100 à 120 mille fruits; qu’à Honfleur chaque pied de melon rapporte 12 à 15 francs dans les bonnes années. »
Bulletin des sciences agricoles et économiques, Vol. 14, 1830, p. 167.

Vente de melons, marché de Lisieux, carte postale vers 1910

« Culture des melons à Honfleur.
La culture des melons n’est pas toujours chose facile à exécuter, et tous les propriétaires de jardins, quelle qu’en soit l’étendue, veulent à tout prix, et avec grande dépense de peine et d’argent, avoir des melons bons à manger, pour en offrir au besoin à leurs amis. On conçoit aisément qu’il doit en être ainsi d’un fruit qui offre, pendant tout l’été, un met rafraîchissant et agréable au goût, surtout quand on réussit aussi bien dans ce genre de culture qu’on le fait dans quelques localités, comme Honfleur, Pont-Audemer, etc., où elle se pratique en grand, et est l’objet d’un commerce considérable avec la France et l’Angleterre. […] Le véritable melon de Honfleur est à chair rouge, brodé, allongé et à côtes. Les jardiniers de Honfleur ont depuis quelque temps abandonné cette première espèce pour donner la préférence à un melon qui a les mêmes caractères. Cette variété, qui produit beaucoup plus l’autre, est un peu plus arrondie. On s’accorde à reconnaître que M. Thierry est le plus fort jardinier de Honfleur : il a jusqu’à 500 cloches tous les ans. Les melons de Honfleur sont vendus pour Caen, Rouen, le Havre et Paris. »
L’Agriculteur praticien ou Revue progressive d’agriculture, de jardinage, d’économie rurale et domestique, 1844,      p. 180-181.

« Examinons avec un soin particulier, tout près de l’embouchure de la Seine les cultures jardinières des environs de Honfleur ; voici une culture que nous rencontrons pour la première fois ; ce sont des melonières de plusieurs hectares, en pleine terre. Goûtons au hasard un de ces cantaloups ; nous le trouvons peu inférieur aux produits de la culture savante des maraîchers parisiens. Nous apprécions ce qu’il faut de soin et de travail pour arriver à ce résultat sous ce ciel brumeux, sous ce climat océanique, sur cette terre où le fruit de la vigne refuse de mûrir. Le prix élevé de toutes les denrées en Angleterre permet aux melons de Honfleur de paraître avec avantage sur les marchés de l’autre côté de la Manche, en dépit des frais de transport et des droits d’entrée qu’ils ont à supporter. Grâce à ce débouché, la culture du melon en pleine terre se soutient et même s’étend aux environs de Honfleur, surtout depuis que le calicot remplace le verre pour les abris indispensables au jeune plant de melon. »
Maison rustique du 19e s, Encyclopédie d’agriculture pratique, Tome V, Horticulture, Paris, 1844, p. 423.

La Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe vote une somme de soixante francs pour achat de graines potagères qui seront distribuées aux jardiniers maraîchers du Mans et de la banlieue. Parmi ces graines achetées à la maison Vilmorin, on trouve quatre paquets de melon de Honfleur.
Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Le Mans, 1852, p. 27.

Dans sa séance du 10 mars 1863, le comité de culture maraîchère de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne reprend dans son ordre du jour la culture du melon.
« Quant aux Melons, dont des graines furent données au comité en 1857, l’absence d’une partie des horticulteurs ou des amateurs auxquels ces graines furent distribuées prive le
comité de renseignements sur plusieurs d’entre eux. Cependant, des indications peuvent être fournies sur un certain nombre par quelques membres du comité, et il importe de consigner ici les résultats des essais qui ont été faits.
Le Melon de Honfleur a été cultivé par M. Vidal; il est gros, mais peu productif, facile à pourrir et d’un goût médiocre. »
Annales de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne, Toulouse, 1863, p. 233.

« Aux environs de Honfleur, près de Ficquefleur il existe une assemblée dite de la Saint-Gorgon que l’on désigne sous le nom de « Foire aux melons«  et qui se tient en septembre. » « L’Echo Honfleurais du 2 mars 1910 évoque les foires de Guibray (Falaise) où le melon de Honfleur était présent et précise : « La place Saint-Gervais ressemble à un arsenal : les melons guerriers y sont rangés en ordre et chaque marchand en dispose de plus de 5 à 600. On voit alors les visiteurs retourner à leur maison et porter le fruit sous leur bras. »
Françoise Lecoq, « Le melon de Honfleur », Bulletin de la société des marins de Honfleur, mai 1999, p. 48.

Le melon est à maturité début septembre. Il est alors vendu sur les marchés et expédié vers Paris : « On amenait les melons sur de la paille dans les charrettes jusqu’à la gare de Saint-Martin-de-Bienfaite. » Enquête pour exposition « À la fortune du pot », Espace culturel Les Dominicaines, Pont-L’Évêque, 2000. De là, ils partent pour Lisieux pour être ensuite expédiés vers les marchés parisiens. 

La foire des melons de la Saint-Gorgon avait lieu le dimanche le plus près du 9 septembre à Saint-Julien-de-Mailloc (14) : « Ce jour-là, de grand matin, les charrettes arrivent chargées de melons calés sur de la paille pour qu’ils ne se choquent pas. On les étale sur l’herbe dans le champ en contrebas de la chapelle. On s’acquitte d’un droit de place de 25 centimes. Chaque producteur trône au milieu de ses melons disposés parmi des feuillages. À Saint-Julien-de-Mailloc, les melons s’étalent par tonnes ! » « C’était aussi une fête foraine : il y avait des jeux. Un grand jeu de quilles en bois. Il fallait requiller les quilles pour se faire des sous. Il y avait plein de melons. Les melons sucrins d’Honfleur peuvent peser jusqu’à 10 livres. Même aussi gros, ils sont savoureux et sucrés. »
Enquête Mme Perreaud, 2010.  

Affiche Foire Saint-Gorgon, Saint-Julien-de-Mailloc (14), 1836, Archives départementales du Calvados

Dans un catalogue des végétaux cultivés à la pépinière du gouvernement à Alger, on trouve à la suite des melons cantaloups les melons suivants :
« MELON 1 brodé, à chair rouge. 2 de Cavaillon. 3 de Malte ou des Bédouins. 4 à chair blanche, écorce jaune. 5 moscatello de Loisel. 6 de Honfleur. 7 blanc de Dolo. 8 vert d’Espagne, chair blanche. 9 sucrin de Tours. 10 d’Archangel. 11 de Cassabar. 12 d’Égypte. 13 de Cincinnati. 14 de Coulommiers. 15 brodé de Ténériffe. 16 alongé de Virginie, ou ananas d’Amérique. 17 chaté. »
Auguste Hardy, Catalogue des végétaux cultivés à la pépinière centrale du gouvernement à Alger, Imprimerie du Gouvernement, Alger, 1850, p. 63. 

Catalogue des végétaux du gouvernement d'Alger, 1850

Melon de Honfleur – Étonnant melon

Melon ‘Sucrin de Honfleur’, ‘melon de Lisieux’ ou ‘de Notre-Dame de Courson’ : ce fabuleux melon était cultivé en plein champ en Normandie.
Jusqu’en 1914, le melon ‘Sucrin de Honfleur’ était cultivé sur les coteaux les mieux exposés au soleil autour de Lisieux, Honfleur, dans toute la vallée de l’Orbiquet (14) et jusque dans l’Eure (27).
Cette plante singulière a fait l’objet de très nombreuses publications, précises et finement détaillées, regroupées dans ces articles.
Pourra-t-on en retrouver la variété originale ? 

Derniers témoignages 
Affiche Foire Saint-Gorgon, Saint-Julien-de-Mailloc (14), 1836, Archives départementales du Calvados

À Beuvillers (14), Louis se souvenait en 1987 d’avoir goûté ce fruit peu après la Seconde Guerre mondiale : « Je me souviens : sa chair orangé foncé était très sucrée. »
À Tordouet, un ancien éleveur réservait le fumier de ses moutons pour la culture du melon de Honfleur. Enquête professeur Pierre-Noël Frileux, UFR Rouen, 1991

À Saint-Pierre-de-Mailloc, l’épicière avait gardé le souvenir de la foire de la Saint-Gorgon « dans le champ près de la chapelle des Quatre Mailloc. » Enquête 1992

« Les melons sucrins d’Honfleur peuvent peser jusqu’à 10 livres. Même aussi gros, ils sont savoureux et      sucrés» Enquête Pays de l’Orbiquet, 2009

« Ma grand-mère me parlait toujours des cantaloups. Elle en cultivait dans son jardin. Elle faisait un compost, et dessus elle cultivait des melons. Elle devait garder ses graines d’une année sur l’autre. C’était bon. Ils n’étaient pas couverts, ils descendaient par terre. On appelait ça faire une couche. Enquête Pays de l’Orbiquet, juin 2010

En 1937, les semences de melon de Honfleur sont encore au catalogue du grainetier Heusse, rue Pont-Mortain à Lisieux. Coll. Montviette Nature 

Extrait catalogue Heusse, Lisieux, 1937
Description 

Depuis le XVIIIe siècle, la culture du melon sucrin de Honfleur en plein champ et la taille exceptionnelle de son fruit ont marqué les curieux et inspiré de nombreux auteurs : agronomes, écrivains, illustrateurs…

M. Mustel, dans son Traité théorique et pratique de la végétation, dresse une liste des meilleures espèces de melons et cite le : « Melon d’Honfleur assez semblable au précédent [melon Morin], mais plus gros ; on le cultive en pleine terre dans une gorge à Honfleur, où il réussit parfaitement; mais il n’en est pas toujours de même dans les jardins. »
François-Georges Mustel, Traité théorique et pratique de la végétation contenant plusieurs expériences nouvelles & démonstratives sur l’économie végétale & sur la culture des arbres, Tome 4, Rouen et Paris, 1784, p. 523.

Michel Vivier, agronome et auteur de nombreuses notes sur le sujet, pensait que la description du « Gros Maraîcher » dans le Traité des jardins de Louis-René Le Berryais était celle du melon de Honfleur :
« Melon-Morin, Gros Maraicher […].  Ce melon est plus hâtif & plus gros que le précédent [Melon commun, Melon Maraicher], de forme sphérique, marqué à l’œil d’une espèce d’étoile ; la broderie de sa peau est très-relevée, sur un fond vert tirant sur le noir. Sa chair est fort épaisse, rouge, sucrée & vineuse. »
Louis-René Le Berryais, Traité des jardins, ou le nouveau de la Quintinye, Vol. 2, Jardin potager, Nouvelle édition, 1785, p. 281.

« MELON DE HONFLEUR , en Normandie, où on le cultive en pleine-terre, dans une gorge sablonneuse & très chaude : Cucumis Melo subrotundus, reticulatus, maximus. Un peu moins rond que le Morin, il est un tiers au moins plus gros ; sa chair, très-épaisse, d’un jaune rougeâtre, est couverte d’une écorce dont la broderie est lâche, souvent peu épaisse, & qui laisse soupçonner des côtes. Cette chair est fondante, très-aqueuse , bien sucrée, d’une saveur exquise quand le Melon rencontre le grain de terre qui lui convient, & l’exposition brûlante qu’il exige. »
Jean-Jacques Fillassier, Dictionnaire du jardinier françois, Tome 2, Paris, 1789, p. 32.

« Melon d’Honfleur, long, très-gros, à côte, chair rouge, vineux. Il n’est pas hâtif, il mûrit en Août et Septembre. Bon fruit, bois très-vigoureux. Il réussit en pleine terre dans des années favorables. »
Étienne Calvel, Du melon, et de sa culture sous châssis, sur couche et en pleine terre, A.-J. Marchant, Paris, 1805,     p. 33.

« Melon d’Honfleur. C’est un superbe melon, très gros, bien fait, ordinairement allongé, à larges côtes régulières, peu enfoncées, bien brodées. Sa chair n’est pas très fine, mais elle est pleine d’eau et de fort bonne qualité. »
Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique […] ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture, Tome 8, LIC-MYR, Déterville, Paris, 1809, p. 275-276.

Planche « Melon Morin, Melon de Honfleur et Melon de Langeais » Fonds Muséum d'histoire naturelle de Rouen

Melon d’Honfleur […]. Fruit plus allongé que le précédent [Melon de Langeais], auquel il ressemble quant au surplus du facies, excepté par l’attache du pédoncule, qui est beaucoup plus resserrée. Son bois est moins vigoureux. On voit de ces fruits très-gros et pesant de 30 à 40 livres. On lui laisse 2 ou 3 fruits. Moins tardif que le Coulommiers. Culture sur couche en tranchée sous cloches et sous papier. »
Aîné (Pierre Joseph ou Hector) Jacquin, Monographie complète du melon : contenant la culture, la description et le classement de toutes les variétés de cette espèce, suivies de celles de la pastèque à chair fondante, avec la figure de chacune dessinée et coloriée d’après nature, Rousselon et Jacquin Frères, Paris, 1832, pl. IV et p. 149.
(Fonds Muséum d’histoire naturelle de Rouen – Réunion des Musées métropolitains – Métropole Rouen Normandie) 

MELON DE HONFLEUR. […] Fruit très gros, allongé, à côtes assez marquées, finement brodé sur toute la surface, prenant à maturité une couleur jaunâtre un peu saumonée. Chair orange assez épaisse. La longueur du fruit peut atteindre facilement 0,35 m à 0,40 m, et la largeur 0,20 m ou 0,25 m. Quand il est bien venu, la qualité en est souvent excellente. Maturité demi-tardive. C’est, avec le Melon Cantaloup noir de Portugal, le plus volumineux de tous les melons cultivés sous notre climat. Il est également remarquable par sa très grande rusticité. »
Vilmorin-Andrieux et Cie, Les Plantes potagères, Description et culture des principaux légumes des climats tempérés, Vilmorin-Andrieux et Cie, Paris, 1883, p. 337.

« Melon de Honfleur. Fruit développé, allongé, brodé, à côtes assez marquées, vert pâle ; chair rouge orange, un peu grossière et un peu fade. Ce melon est cultivé avec succès en pleine terre bien exposée sur les côtes de Normandie ; il  est  très  rustique mais un peu      tardif. »
Gustave Heuzé, Cours d’agriculture pratique,  Les plantes légumières cultivées en plein champ […], Deuxième     édition, Paris, 1898, p. 308. 

Illustration Dufour de Villerose

« Melon de Honfleur, […], très-gros, ovoïde, très-allongé, à côtes bien marquées. épaisse broderie grise ; même qualité que le Coulommiers ; très-bon ; tardif comme tous les gros melons en général ; très-rustique. »
Dufour de Villerose, Culture du melon, Méthode simple et précise pour obtenir des melons d’une grosseur extraordinaire d’une qualité et d’un goût exquis, 4e édition, Auguste Gouin, Paris, 1856, p. 75.

Melons, catalogue Le Paysan, 1947, coll. Montviette Nature