Lina, une des fondatrices de Montviette Nature, appréciait et accueillait les oiseaux dans son jardin.
En 1998, elle a noté sur un cahier quelques-unes de ses observations.
En voici ses écrits.
Ses observations rejoignent les connaissances sur les oiseaux.
Textes des observations : copies du cahier d’observation de Lina Sorel
Explications ornithologiques : Sophie et Guy Béteille
Photographies : Sophie et Guy Béteille
Lina et Gérard Bertran, la Dame Blanche (photographie de Rodolphe Murie extraite du film Le secret du coucou bleu, 2010)
Observations du
grimpereau des jardins
19/01/1998
Vu à 16h00, le grimpereau des jardins inspectait rapidement le tronc du cerisier jusqu’au haut.
05/02/1998
Revu le grimpereau.
28/05/1998
Nous avons surpris dans son nid le grimpereau. Il niche dans une boîte suspendue à un pommier.
Depuis, je ne le voyais que très rarement, mais ce soir, après un gros orage, je vois les deux parents apporter de la nourriture aux petits.
Explications de Sophie et Guy :
Oiseau sédentaire, qui se nourrit sur les troncs. Partant de la base de l’arbre, il progresse par menues saccades pour trouver sa nourriture : divers insectes, des araignées, des cloportes, des myriapodes et des mollusques. Toutes les proies sont minuscules.
Le nid des grimpereaux se trouve la plupart du temps dans un recoin étroit et abrité. Le site classique est l’espace laissé entre le tronc et l’écorce par le décollement de celle-ci. Mais tout autre abri s’ouvrant par une fente, si possible avec deux accès, peut être adopté.
Seule la femelle couve. Par contre, les petits sont nourris par les deux parents. La nourriture apportée est constituée en majorité de chenilles, d’araignées et autres petits insectes.
Observations des
mésanges bleues, charbonnières et nonnettes
19/01/1998
Les mésanges cherchaient des graines sur la fenêtre.
23/01/1998
J’ai remarqué cette année qu’il y avait beaucoup plus de mésanges bleues que de charbonnières à venir manger les graines que je dépose sur la fenêtre. Également moins de nonnettes, mais il faut peut-être attendre plus de froid. Celles-ci sont plus sauvages.
Les mésanges sont présentes en toutes saisons. Elles jouissent d’une popularité remarquable, grâce aux facilités qu’on a de les attirer jusqu’aux fenêtres des maisons, pour observer sans peine leur joli plumage et leurs activités acrobatiques.
Les mésanges ont besoin, tout au long de leur existence, de leur poids d’aliments quotidiens pour fournir les calories nécessaires à leur corps. Aussi sont-elles sans cesse en mouvement, à la recherche de nourriture, constituée essentiellement par des insectes.
Mais à l’automne, ceux-ci sont remplacés par des graines, surtout celles qui contiennent des substances grasses.
Observation de la grive mauvis
23/01/1998
Temps frais, annonce de neige.
Entrevu la grive mauvis, un peu en boule, ramassée (il faut dire qu’il faisait froid), une bande blanche au-dessus de l’œil, les côtés marqués d’une bande marron clair rousse.
La grive mauvis est uniquement un migrateur hivernant, venant passer l’hiver chez nous.
Petite, assez compacte, sa tête est assez grosse et sa queue relativement courte. Elle a une raie blanchâtre au-dessus de l’œil et sous la joue. Ses flancs et le dessous de ses ailes sont de couleur rouille.
Observations du geai des chênes
25/01/1998
Vu le geai, presque sous la fenêtre, magnifique plumage. Il paraissait en excellente santé et s’amusait à soulever les feuilles mortes et à les envoyer en l’air. Finalement, jusqu’au moment de son envol, il n’avait pas trouvé grand-chose sous chacune d’elle.
Le geai des chênes est le plus coloré des corvidés. Principalement brun rose clair, il a un croupion blanc qui se prolonge par une queue noire, des ailes avec un miroir blanc et des plumes bleues finement rayées de noir sur le poignet, une large moustache noire.
Il se nourrit beaucoup de glands (50 % de sa nourriture) cueillis directement dans les chênes ou ramassés sur le sol. Il en emporte une partie qu’il cache dans une fente d’arbre ou le dissimule dans la terre ou sous les feuilles. Il apprécie aussi les fruits et les baies sauvages et/ou cultivés. À ces végétaux s’ajoutent des gros insectes, et quelques petits animaux. C’est donc un « glandivore » doublé d’un omnivore qui mange un peu tout ce qui se présente.
Observation de la fauvette à tête noire
27/01/1998
Je pense avoir vu la fauvette à tête noire. Les yeux au ras d’une calotte toute noire, le dos gris cendré, la gorge gris très clair, le bec noir fin. Elle est plus ronde et beaucoup moins vive que la nonnette, ne s’attaque pas aux graines mais seulement au gras. L’an passé, j’avais vu la femelle à tête rousse. Elle n’a pas non plus de bavette noire.
La fauvette à tête noire est un petit passereau au dessus brun olivâtre grisâtre et au dessous gris très clair. Sur la tête, le mâle a une calotte noire tandis que celle de la femelle est brun roux. Se nourrissant essentiellement d’insectes, son bec est fin, de couleur ardoisée. En hiver et au printemps, elle consomme aussi des fruits et des baies.
Observation du tarin des aulnes
Janvier-février 1998
Je pense avoir le tarin des aulnes, grégaire. Ils viennent manger des graines avec les mésanges qu’ils pourchassent. Plus petits que le verdier, un bec plus fin également. Le mâle sans doute a le dessus de la tête noir. Il est plus vert. L’autre est plus terne, le dessous strié de beige clair marron. Très rapide. Des bandes jaunes sur les ailes.
Les tarins sont souvent observés en groupe. Beaucoup sont des femelles au plumage vert grisâtre, flammé de brun noir, avec le croupion jaune. Les mâles se distinguent à leurs teintes plus vives, à leur dessous jaune à peine rayé, à leur calotte noire et à leur minuscule bavette noire. Leur bec est effilé, de forme conique. Leur taille est faible, presque celle d’une mésange bleue.
Les tarins passent des heures à extraire des graines en haut des arbres, en particulier des aulnes. En hiver, ils fréquentent régulièrement les mangeoires.
Observations de la grive litorne
03/02/1998
Vu sous le pommier, mangeant des pommes restantes à terre, sans doute la grive litorne. Assez grosse, le dessus de la tête gris, le ventre gris clair et tacheté assez haut sous la gorge, un peu de blanc au bout de l’aile, la queue noire, le bec jaune. Elle paraissait plus inquiète que les merles à côté d’elle.
04/02/1998
Trois litornes. Le dessus du dos gris bleuté, les ailes marron, elles chassent les merles.
Oiseau hivernant dans nos régions, on rencontre souvent la grive litorne, en groupes, dans les vergers. C’est une grosse grive, à tête grise, bec jaune, dos brun, croupion gris et queue noire, poitrine roux doré piquetée de points noirs, ventre blanc.
Observation du pic-vert
04/02/1998
En même temps que la grive litorne, le pic-vert est venu manger sous le pommier. Il est resté très longtemps.
Bien qu’il travaille souvent les troncs et passe une bonne partie de sa vie dans les arbres, le pic-vert se nourrit facilement à terre.
Il fouille le sol de son bec puissant et s’attaque surtout aux fourmilières.
Il ne dédaigne pas non plus les limaces et vers de terre.
Observations
de la mésange à longue queue
18/02/1998
Vu la mésange à longue queue dans le cerisier en face de la fenêtre. Ce fut une apparition fugitive.
16/03/1998
En me promenant dans le bosquet, j’ai vu à nouveau la mésange à longue queue dans un bouleau pendue à une brindille. Elle est venue sur un arbre à côté de moi.
26/04/1998
Belle matinée ensoleillée. Vu la mésange à longue queue accrochée tout en haut de la fenêtre. Elle avait peut-être trouvé une mouche ou une araignée !
06/06/1998
En me promenant dans le parc, j’ai encore découvert à terre un nid de mésange à longue queue. J’étais bouleversée. Mais en continuant un peu plus loin, j’ai entendu au-dessus de ma tête des piaillements et, bonne surprise, 4 ou 5 jeunes mésanges à [longue queue], sans doute gênées par le petit chien qui me suivait, sautaient de branches en branches.
Le nid était tombé des grands sapins.
La mésange à longue queue fréquente les lisières des bois, les haies, les buissons, les broussailles, les parcs et suit les arbres jusqu’à l’intérieur des villes.
Acrobate infatigable, elle se suspend aux ramilles les plus fines, tourne et papillonne autour des branches, les explore en hâte jusqu’à leur extrémité.
Sa nourriture consiste en insectes de petite taille, de leurs œufs et de leurs larves et aussi d’araignées. En hiver, les substances végétales (fragments de lichen et baies) jouent un rôle secondaire.
Le nid, petit chef-d’œuvre, constitué à l’intérieur de plumes et de poils et à l’extérieur de mousses, de lichens, débris d’écorces…, se présente comme un œuf allongé et vertical, percé d’une ouverture dans sa partie supérieure. Il se trouve dans des milieux variés : souvent dans l’enfourchure étroite d’un tronc ou d’une grosse branche, soutenu par des rameaux ou encadré par un lierre. On le rencontre dans les conifères comme dans les feuillus. Facilement visible, il est fréquemment victime de destruction par les geais, les pies et autres prédateurs (mustélidés, écureuils, chats et rongeurs), ou même par le vent qui l’arrache.
Observation du bouvreuil pivoine
31/03/1998
J’ai vu un couple de bouvreuils qui mangeaient les bourgeons du cerisier en fleurs encore dénudé de ses feuilles.
Au milieu de l’hiver, les bouvreuils commencent à cisailler les bourgeons de quantité d’arbres, notamment dans les vergers, où ils ébourgeonnent méthodiquement les abricotiers, les cerisiers, sans oublier les cassis et autres arbustes.
Observations de la fauvette des jardins
25/05/1998
J’ai eu la bonne surprise de constater que la fauvette des jardins était revenue dans son site habituel et avait pondu 5 œufs qu’elle couve.
07/06/1998
Je suis allée revoir le nid de la fauvette, à peine caché par la verdure de la clématite. Les petits sont bien là qui tendent le bec.
Le nid de la fauvette des jardins est placé assez bas, entre 50 centimètres et 2 mètres.
Il est construit dans toutes sortes de buissons, dans des plantes grimpantes, …
Elle y pond quatre ou cinq œufs.
Le mâle et la femelle couvent et s’occupent du nourrissage des jeunes.
Observation du rouge-gorge familier
Fin juin 1998
Trouvé dans le garage sur une étagère un nid de rouge-gorge avec des œufs dedans. Mais quelques jours après, le nid était vide !
Le rouge-gorge peut nicher un peu partout. Le plus souvent, le nid se trouve à terre, au flanc d’un talus, au bord d’un fossé, sous une racine, au pied d’un taillis, sous un amas de branches, dans un terrier, dans un pot tombé à terre… Toutefois, on peut aussi le trouver en hauteur (jusqu’à 4 mètres) : dans des trous de murs, à l’extérieur ou à l’intérieur de cabanes ou bâtiments, sous des poutres…
Les couvées sont facilement abandonnées suite à l’attaque de prédateurs (belettes, rongeurs, écureuils, chats, geais, pies…), aux dérangements de l’homme ou aux mauvaises conditions météorologiques.
Bibliographie
– P. Géroudet, Les passereaux d’Europe, Tomes 1 et 2, Delachaux et Niestlé, 1998.
– L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström, Le guide ornitho, Delachaux et Niestlé, 2014.