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La haie plessée

Le plessage, une technique ancienne et efficace, refait son apparition.

Pourquoi plesser une haie ?
Cette méthode permet de se passer de matériaux artificiels (barbelés, etc.) et nécessite peu d’équipement. De plus, la régénération de la haie plessée consiste en un nouveau plessage et l’efficacité ne sera perdue que le temps de l’opération. Par contre, la régénération d’une haie vive demande un recépage, ce qui implique une inefficacité de plusieurs années.

Entailler, plier, entrelacer
Partant d’une haie vive, l’idée est de créer une trame ou un maillage vivant. On entaille les troncs à la base de haut en bas sur la longueur et la profondeur nécessaires pour les rendre flexibles. Puis on les amène presque à l’horizontale, les tressant entre des piquets ou des troncs laissés intacts, faisant office de piquets vivants. Des pousses, sur les troncs pliés et à la base, complèteront la trame année après année.  Le « miracle » est que la fine lame qui relie le tronc à sa base, si elle contient écorce, liber, cambium et un peu d’aubier,  permet la survie et la croissance du sujet. La souche, elle, se comporte comme après un recépage ; ce qui en  augmente la durée de vie.

la fine lame qui relie le tronc à sa base...

Une technique ancienne…
Cette technique, peut-être d’origine celte ou saxonne, était répandue en Europe. On en trouve une description dans la Guerre des Gaules de Jules César : « ils [les Nerviens] ont eu l’habitude, pour arrêter plus facilement la cavalerie des peuples voisins, dans le cas où le désir du pillage l’attirerait sur leur territoire, de tailler et de courber de jeunes arbres, dont les branches, horizontalement dirigées et entrelacées de ronces et d’épines, forment des haies semblables à un mur, et qui leur servent de retranchement, à travers lesquels on ne peut ni pénétrer ni même voir. »  (Livre II, chapitre XVII -Traduction française disponible sur  http://bcs.fltr.ucl.ac.be/CAES/BGII.html)  [consulté le 24.10.2022]
De multiples variantes régionales existent, chacune étant la meilleure !
Le summum étant une haie plessée d’aubépines uniquement, montée sur un talus empierré et doublée d’un fossé, impénétrable au cheval comme au lapin.
La haie plessée était présente dans la région comme en attestent les noms de lieux-dits y faisant référence, (lire ci-dessous le document du chercheur Dominique Fournier) ainsi que des tableaux (voir le tableau de Claude Monet La Pie (1868-1869), des photos ou des vestiges sur de vieilles haies.
Elles disparurent avec l’apparition du barbelé à la fin du 19e et surtout après la Première Guerre mondiale. Le coup de grâce fut donné par la mécanisation intensive et le remembrement au sortir de la Deuxième Guerre mondiale.

… remise en valeur aujourd’hui
Depuis quelques décennies, la technique connaît un regain au Royaume-Uni où sont même organisés des concours de plessage régionaux. Les participants doivent respecter scrupuleusement le style associé et l’usage des outils afférents.
En France, la technique réapparaît dans le Nord, le Nord-Ouest, le Perche, le Morvan, etc.

Les essences
Les végétaux utilisés pour créer une haie qui sera plessée sont multiples. Il vaut mieux prendre des plants indigènes et éviter ceux toxiques pour les animaux concernés. Pour contenir le bétail, aubépine, prunellier et houx sont les plus efficaces, mais le houx est très lent à croître. Les autres espèces faciles à plesser sont : noisetier, charme, hêtre, érable champêtre, chêne… Un mélange de ces espèces créera une bonne haie.

Erable champêtre

Quand plesser ?
Après la plantation, il faudra attendre cinq à dix ans et/ou une hauteur de haie de 2,5 à 4 mètres avant de plesser, pour obtenir après plessage une hauteur de 1,20 à 1,40 mètre. (Les hauteurs et durées sont indicatives, car variables en fonction des essences, de l’environnement et du climat.)
La période pour effectuer le travail va de septembre à mars, hors gel. Les mois de septembre, octobre et mars sont préférés pour la cicatrisation.
La répétition du processus se fait tous les quinze à vingt-cinq ans, voire cinquante ans dans des conditions optimales. Et la perte d’efficacité ne durera que le temps du plessage, ce qui en fait la conduite idéale des haies pour clore un champ.
La taille d’entretien devrait idéalement se faire manuellement, ce qui permet de voir et d’anticiper les problèmes. La fréquence de la taille, qu’elle soit manuelle ou mécanique, devrait être d’une fois tous les deux à trois ans pour donner plus de sous-produits, favoriser la biodiversité et allonger la durée de vie des plants. La taille en dôme, en triangle ou en trapèze favorisera l’accès de la lumière sur toute la haie.

La procédure
Il faut compter plesser 10 à 30 mètres par jour en fonction de ses capacités (!) et de l’état de la haie.
Sur une pente, on commence par le haut du terrain et on plesse la haie du bas vers le haut, ce qui diminue la pliure.

  1. On commence par nettoyer la base de la haie : on ôte les bois morts et mal configurés, les ronces, etc. Puis on sélectionne les troncs que l’on va plier en évitant cependant d’enlever trop vite les surnuméraires. On élague les branches pouvant entraver le pliage. Du côté animaux, on garde des branches pour protéger la base de la haie. De l’autre côté, on élague bien pour permettre à la lumière d’atteindre les troncs et les bases, afin que les pousses verticales puissent démarrer.
  1. Ensuite, pour un droitier, on exerce une traction de la main gauche sur le tronc et avec la serpe on entame celui-ci en oblique à une hauteur d’au minimum trois fois le diamètre au minimum (10-20 centimètres du sol). On entaille jusqu’au moment où le tronc devient flexible. Tout est alors une question de dosage entre coupe et traction pour amener le sujet presque à l’horizontale dans l’axe de la coupe sans casser le lien de vie. On plie jusqu’à ce que le tronc soit stable, en contact avec le sol ou avec le tronc précédent. Jusqu’à 7 centimètres de diamètre, on utilise la serpe ou la hache. Au-delà, la tronçonneuse facilite le travail (mais ne peut pas être utilisée lors de concours !).
    Ceci fait, on coupe le talon de la taille en évitant de créer une poche qui pourrait accumuler l’eau  et on passe au tronc suivant.
  1. En fin de journée, on enfonce des piquets de noisetier ou de châtaignier (4 centimètres de diamètre et 150 centimètres de hauteur) tous les 50 centimètres, légèrement décalés côté bétail, et on tresse au sommet des tiges de noisetier ou de charme pour stabiliser l’ensemble. Cela s’appelle la parure.
    La vie des piquets et des tiges n’est pas très longue, mais les pousses sur les troncs et à la base renforceront le maillage et compenseront rapidement l’affaiblissement de la structure morte.
    Pour les puristes, une touche finale consiste à couper en biais le sommet des piquets à la même hauteur.

Les outils
une serpe, qui peut être à long manche, pour dégager les ronces, orties, débris, bois mort divers et pour réaliser l’entaille;
– un échenilloir pour élaguer les troncs;
– une hache pour élaguer et pour réaliser les piquets;
– une scie à archet pour couper les talons;
– une tronçonneuse pour les gros sujets (diamètre de plus de 10 centimètres);
– un maillet en bois (qui peut être une section de tronc avec un tronçon de branche toujours attaché);
– un sécateur;
– une pierre à aiguiser, des vêtements résistant aux épines, de solides chaussures et des gants (et une trousse de premiers secours…).

Serpe à long manche, gros sécateur et hache, collection Montviette Nature et château de Crèvecoeur

 

Les variantes

Chaque type de plessage est lié à une région, c’est-à-dire au matériel végétal qui est disponible et à la destination de la haie. Plutôt que de décrire toutes ces variantes, voici les options principales à chaque étape.
La haie peut être simple ou double, avec même un chemin d’entretien entre les deux ensembles. Elle peut aussi être montée sur un talus doublé de fossés.
Le sens du plessage est généralement unique, mais rien n’empêche d’utiliser les deux sens, à partir d’un siège de noisetiers par exemple.
En Allemagne, des haies de charmes sont plessées en croix, et au point de contact, l’écorce est enlevée, ce qui fera fusionner les deux végétaux.
Pour combler un vide, on peut également partir en sens opposé, faire à mi-hauteur une seconde entaille et revenir dans le sens initial.
Avec ce même objectif, on peut plesser sous l’horizontale et au point de contact avec le sol faire une deuxième entaille et marcotter la tige à cet endroit.
Dans la même idée, une tige irrégulière peut être ramenée dans l’axe de la haie par plusieurs entailles dans le plan horizontal.
Le plessage peut s’effectuer à différentes hauteurs. C’est alors la partie verticale des troncs qui sert  de piquet.
Les piquets peuvent être droits, inclinés, décalés, morts ou vivants, positionnés avant le plessage ou après.
Le sommet peut être coupé droit, en oblique, en pointe ou contenir un segment de branche qui aura le même rôle que la parure.
La parure connaît de nombreuses versions dont une des extrêmes est le chevron utilisé dans certaines parties du Yorkshire.
Des arbres de haut jet ou des têtards peuvent être présents. Ils sont facilement intégrés au système et apportent ombre, bois, fruits, beauté et enrichissent le biotope.

Article et réalisations Philippe Deltenre

 

Pour en savoir plus
Franck Viel, Le plessage de la haie champêtre, clôture vivante, Maison botanique (de Boursay) et Association Passages, août 2003.

Le plessage de la haie champêtre, clôture vivante, Guide technique, Maison botanique, 2012 (consultable en ligne).
Conduite de la haie : plessage, Fiche réalisée par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de la Sarthe, 2009 (disponible en téléchargement).
Le plessage des haies, sur le site Internet de l’association Haies vives.
John Wright, A Natural History of the Hedgerow, Profile Books, London, 2017.
Murray Maclean, Hedges and Hedgelaying, The Crowood Press, 2020.
Alan Brooks, Hedging, A Practical Handbook, British Trust for Conservation Volunteers, 1975.

 

Le Plessis et la Plesse dans les noms de lieux

par Dominique Fournier (linguiste, spécialiste de la microtoponymie)

 La pratique du plessis, de la haie pliée ou plessée est attestée dans la toponymie normande depuis le Moyen Âge, et ses traces sont nombreuses en pays d’Auge. Le terme de base évoquant cette technique est l’ancien français plaisse, plesse désignant une haie faite de branches entrelacées, puis un terrain clos ceint d’une telle haie. Le mot survit en patois normand et d’autres parlers d’oïl avec un sens technique : il y désigne la branche d’une haie dépassant le niveau voulu de la clôture, et rabattue obliquement vers le centre où elle est maintenue par un lien. Il est aussi attesté dans le Berry au sens de “branche rabattue”, et dans le Maine avec celui de “clôture ; clôture en épines”. Ils’agit soit du dérivé de plaissier, plessier“plier; entrelacer” (du latin populaire °plaxare), soit du produit du gallo-roman °plaxa, féminin de °plaxu “plié, entrelacé”, issu du latin populaire °plaxus, réfection du latin classique plexus, de même sens.

Les mots plaisse et plaissier appartiennent à une très riche famille en ancien français, dont plaisseis, plessis est sans doute le mieux connu. Ce dernier possède tous les sens de plaisse, et a désigné plus généralementdivers lieux clos de haies entrelacées, de claies, de clôtures ou de palissades. De cette même famille relèvent encore plais, synonyme de plaisse (d’où le type toponymique le Plais, le Play, le Plix, etc.) ; plaissié, synonyme de plaisseis (d’où le type le Plessé, etc.); plaissee “clos, parc fermé de haies”, etc.

On constatera que de nombreux toponymes augerons du type la Plesse ou le Plessis ont désigné des manoirs et des fiefs ainsi défendus, mais aussi des domaines plus modestes ou des bois usant de cette technique. Pour ce qui est du premier type, connu dans toute la Normandie, l’un des domaines les plus importants de ce nom dut être celui de la Plesse, manoir, seigneurie et ancienne ferme à Saint-Germain-de-Montgommery (la Plesse 1666, la Plaise 1753/1785, la Plesse 1834, la Plisse 1835/1845, la Plesse 1883, 2022).

Mais c’est le type Plessis qui est le mieux attesté, tant dans le pays d’Auge (on y relève plus d’une vingtaine d’occurrences) que dans le reste de la Normandie, environ 150, sans doute plus, comme Le Plessis, lieu-dit à Forges (61). Parmi les toponymes les plus anciens, citons le Plessis, ancienne ferme et bois du fief de Beaumont-en-Auge (es plesseiz 1261/1266, le Plessis 1753/1785) ; ancien domaine vers Le Pin (le Plesseiz;eu Plesseiz du Pin 1261/1266 ; ancien bois à Ouilly-le-Vicomte (quoddam nemus cum fundo terre quod vocatur Le Plesseiz 1277) ; le Plessis Esmangard, nom primitif de Dozulé (Plessitium Ermengardis 1382 (?), Notre-Dame du Plessis Ermengard 1400, le fief du Plessis Esmenguard, autrement Silly 1620/1640, le Plessis Esmangard 2001) ; le Plessis, ferme, manoir et ancien fief à Saint-Germain-la-Campagne, 27 (le Plessis 1416, 1753/1785, 1998) ; hameau et ancien fief à Épaignes, 27 (le fief du Plessis 1540, le fief du Plessis, assis a Espaigne 1541, le Plessy 1753/1785, le Plessis 1878, 1985 ; etc.

 

 

 

Petits usages du noisetier

« Dans les haies, des noisetiers il y en a partout » raconte Raymond.  D’autres l’appellent « la coude » ou « le coudrier ». Pour le paysan ou le jardinier, le noisetier présente de nombreux atouts : c’est un bois souple, facile à travailler qui  convient bien pour les objets longs.
Les enquêtes menées auprès des anciens en Normandie ont révélé qu’une vingtaine d’objets étaient  facilement fabriqués.
A la ferme : Gaule, réquêt ou gaulet, perche, tendeur à peaux de lapin, manches d’outils, hart, fourchet, trique, baguette de sourcier, bâton de marche.
Au jardin : Cordeau, pique-chou, rames à haricots, rames à pois.
Jeux d’enfants : Lance-pomme, lance-pierre, bûchettes

Gaule à pommes : Les noisetiers les plus vigoureux poussent bien droit. On peut ainsi confectionner de longues gaules légères. Pour gauler les pommes, il ne faut pas frapper sur les branches comme une brute mais utiliser la flexibilité du bois de noisetier pour agiter les branches sans abimer les bourgeons.  A la fin de la saison, les gaules sont remisées à l’arrière du pressoir ou de la grange.
Quand on est assez jeune et peu enclin au vertige, on monte dans les pommiers les plus chargés en fruits pour abattre les pommes. On se sert alors d’une courte gaule, le réquet,  pour atteindre les fruits peu accessibles. « Quand mon père secouait une grosse branche, il pouvait faire tomber une « pouche » de pommes. » Le Pin  « J’ai un gaulet, petite gaule à pommes pour monter dans les pommiers ». Saint-Martin-de-Fresnay
Dès la fin du mois de juillet, les pommiers commencent à ployer sous le poids des fruits. Pour éviter que les branches ne se brisent, on les soutient avec des perches. Les pommes sont ainsi hors de portée des vaches même si on les entrave avec des « piétins ».

Ce petit bâton fourchu permet de redresser « l’herbe versée » quand on fait les talus, la faucille d’une main, le fourchet dans l’autre.

« Pour faire les harts, en général c’était la coude. Mais aussi avec les repousses  de chêne. Le père Couraye, il avait le coup, il en faisait en moins de deux pour lier les fagots. Ça se fait quand la sève marche. En mars, avril, ça se tordait mieux.  On faisait à mesure. En général,  c’était solide. Ça ne coutait pas cher, mais c’était moins rapide que le fil de fer.  C’était surtout pour faire des bourrées au pied, tu appuyais au pied, ça serrait, on tirait dessus avec le hart. J’aimais ça. » Francis,  Saint-Pierre-de-Mailloc

Tendeur à peaux de lapin ; Autrefois dans les fermes, lorsque l’on tuait un lapin, sa peau était mise à sécher dans un grenier sur un tendeur ou une fourche en noisetier dans l’attente du passage du marchand de peaux de lapins. Le prix de vente des peaux était dérisoire. « Ma mère nous remettait cette maigre recette qui était placée dans notre tirelire ». Le Pin

Quand on coupe une haie, on sélectionne les branches les plus droites et au diamètre adéquat pour confectionner tous les manches d’outils qui cassent fréquemment, de la binette à la fourche à fumier. On pèle  l’écorce du bois encore vert à la plane, « sur le banc à planer pour écorcer le noisetier ou peler le noisetier ». Ablon

« Je tresse trois pousses de coude ensemble. Je les attache et les laisse pousser au moins deux ans. Ça  fait une jolie canne ». René, Grandmesnil
« Mon père refaisait les barreaux des râteliers avec du noisetier pelé. » Renée, Saint-Désir-de-Lisieux
Le sourcier, celui « qui a le don de trouver l’eau» utilise uniquement une baguette fraiche de noisetier qu’il cueille dans la haie la plus proche. «  Dans ma ferme, quand j’ai décidé de creuser un puits pour abreuver tous les animaux, le patron de l’entreprise de forage a déterminé l’endroit où creuser avec une baguette de sourcier. » Saint-Pierre-de-Mailloc, 1990
Quand on change les veaux ou les bœufs d’herbage, il faut avoir une bonne trique pour les faire avancer, les arrêter ou les empêcher de se diriger dans une mauvaise direction. A utiliser avec modération. On ne frappe pas les vaches laitières que l’on doit pouvoir approcher chaque jour pour les traire. En revanche, on ne pénètre jamais dans la cour au taureau sans une grosse trique qui stationne toujours à l’entrée de l’herbage.

Pique-chou en noisetier

Le « haricot à rames » est une plante grimpante qui a besoin d’être tuteurée « Dès que les haricots réclament les rames ». Ils s’enroulent autour de baguettes de noisetier fixées deux par deux par le jardinier. L’hiver venu, les rames sont soigneusement remisées pour être réutilisées l’année suivante.
Contrairement aux haricots, le pois s’accroche aux rames avec des vrilles comme la vigne. Les branches d’orme en forme d’arrête de poisson convenaient bien pour le soutenir. Le noisetier a remplacé l’orme disparu des haies vers 1980.
« Mon grand-père était fier de montrer ses poireaux alignés « au cordeau ». Manerbe

Bûchettes en rameaux de noisetier dans un cahier de 1937, école de Grandmensil (14)

« Quelques jours après la rentrée des classes du cours préparatoire,  la maîtresse  nous a demandé d’apporter une dizaine de buchettes pour apprendre à compter. » Ecole Le Pin, 1963
Les « mauvais gamins » fabriquent facilement des lance-pierre qui peuvent s’avérer dangereux. Les plus intrépides s’en servent pour casser les carreaux des maisons abandonnées. « J’étais très adroit avec le lance-pierre. J’abattais un pigeon à 20 mètres, mieux qu’avec un fusil. » Pont-L’évêque.  « Dans les élingues, des fois on mettait des billes. » Thiéville.  « Lance-pierre pour tirer les merles ». Patrick, Clarbec
« Quelques jours après la rentrée des classes du cours préparatoire,  la maîtresse  nous a demandé d’apporter une dizaine de buchettes pour apprendre à compter. » Ecole Le Pin, 1963
Le lance pomme sert à multiplier la forme du bras.

A découvrir l’atelier découverte « Les petits usages du noisetier » sur les évènements à suivre…

Le moulin sur la Canteraine

À Montviette, au fond du vallon, sur le ruisseau la Canteraine est implanté un moulin attesté dès le XVe siècle. Son histoire est connue grâce aux archives et aux témoignages recueillis.
Jeanine, une des fondatrices de Montviette Nature l’a acquis en 1969. Avec Bernard, son époux, ils ont tenu à conserver intacte toute l’installation.

Sur le douet de Canteraine 

Le douet, ou  ruisseau, prend sa source à Montpinçon dans la forêt  et traverse l’ancienne paroisse de la Gravelle. « Le nom de Canteraine  appartient à la série bien connue des noms de lieux en chante/cante (forme normande) + nom d’animal.

Rainette

Canteraine et ailleurs Chanteraine (lieu-dit à Vaudeloges) désignent des lieux où les grenouilles (normand raines) « chantent » (coassent) et donc abondent : ce sont des noms fréquents de parcelles, d’étangs, de marais et de ruisseaux bien attestés en France.  Le nom raine (du latin rana) désigne différentes représentantes du genre rana. Il peut s’agir de la rainette, petite grenouille arboricole, de la grenouille verte ou rousse… » (D’après  Dominique Fournier,  Microtoponymie de l’eau à Montviette, Histoires et Traditions populaires du Billot, septembre 1991)
Plusieurs étangs jalonnent le cours du ruisseau sur l’ancienne paroisse de  Gravelle puis sur celle de Montviette, aux Vignes,  en collectant une cinquantaine de sources. Le ruisseau prend alors de la puissance et se déverse dans l’ancien étang des Tanneries puis dans l’étang du bourg où il alimente le moulin.

Ancien moulin à blé

Selon les historiens, un grand nombre de moulins ont été installés avant le début du XIe siècle. Seul moulin connu dans le village de Montviette, « il est mentionné pour la première fois en 1450 (Archives départementales de l’Orne A XLIX) »
« 1750,  Monsieur Le Panthou, seigneur, possède à Montviette un moulin à bled avec maison et jardin affermé à Pierre Le Villain. » (Archives privées)
« Un document de 1809 précise qu’il s’agit d’un moulin à blé. Le meunier est, en 1835, Jean Amand Le boucher, qui habite le bourg et possède le moulin. Le Pré du Moulin appartient à un membre de sa famille, Thomas Simon Leboucher. Quant au Pré du biez […] il appartenait à Louis Malfilatre, boulanger à Montviette en 1835. » (D’après Dominique Fournier,  Microtoponymie de l’eau à Montviette, Histoires et Traditions populaires du Billot, septembre 1991)

Le moulin en 1912 - noces d'argent de l'abbé Ménager -procession sous le dais
Etiquette fromagerie Amynthe Leboucher 1920 - le moulin, la ligne électrique
Usine hydroélectrique

En 1969, lorsque Jeanine emménage, l’électricité est produite uniquement par la turbine du moulin. « C’était du 110 volts en continu. Avec, on s’éclairait et quelques appareils fonctionnaient sur le 110. »  Elle l’utilisera pendant plusieurs années avant d’être raccordée au réseau électrique.
Au début du XXe siècle, d’anciennes demeures ou bâtiments à pans de bois sont reconstruits en briques. C’est le cas du moulin de Montviette en 1912.
En 1920, le bourg s’active autour d’une boulangerie, d’une épicerie, des boutiques du cordonnier et du boucher ouvertes un jour par semaine, et du moulin, propriété de la ferme Leboucher, située sur le plateau du chemin de l’Orée. Le moulin va être transformé en usine hydroélectrique pour amener l’électricité à la ferme d’Amynthe Leboucher. La ferme de La Hoguette produit des livarots et des camemberts.
En 1923, le conseil municipal reconnaît que « l’électrification de la commune est désirable dans les plus brefs délais » et adhère à un syndicat de communes. Mais en 1927, Montviette se retire du syndicat… Les poteaux déjà livrés sont renvoyés. La commune de Montviette sera raccordée au réseau en 1958.
Le moulin, renommé « usine hydroélectrique » en 1920  par son propriétaire, fournira de l’électricité à la ferme de La Hoguette jusqu’en 1960. L’étiquette du « Petit livarot des Hoguettes » montre le moulin et la ligne électrique qui amène l’électricité à la ferme du plateau.

La turbine encore en place dans le moulin
Le haloir à camemberts de la ferme de la Hoguette
Curer l’étang

Par la fenêtre, au-dessus de l’évier de sa cuisine, Jeanine pouvait voir le martin-pêcheur traverser l’étang au ras de l’eau.
Un rail avait été installé dans le fond de l’étang. Il permettait de sortir la vase au moyen d’un wagonnet tiré par un cheval. La vase est déposée sur le pré, derrière les fagots posés sur le bord de l’étang pour l’empêcher de redescendre. Elle sèche plusieurs semaines, puis est emmenée sur les prés à faucher.
« Celui qui avait assez de vase avait de l’herbe pendant deux ou trois ans. Quand l’étang était curé, on ne le vidait pas entièrement.  On nettoyait juste pour enlever le nécessaire. Il y avait toujours des truites dans l’étang », racontent les anciens.

Curage d'un étang vers 1940
Cadastre 1835 - Etang sur la Canteraine
Le bord de l'étang vers 1900

Les haies : de vraies richesses pour les oiseaux

Dans la nature, autour des herbages ou près des habitations,  les haies, quel que soit leur type,  sont d’une grande importance pour les animaux, en particulier pour les oiseaux. En Pays d’Auge, plus d’une quarantaine d’espèces d’oiseaux  utilisent les haies à tous les étages.

Qu’elles soient hautes ou basses, jeunes ou anciennes, arbustives, buissonnantes, constituées d’alignements d’arbres, elles sont toutes intéressantes. En effet, elles apportent le couvert, la nourriture et  l’abri.

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Les haies : de vraies richesses pour les oiseaux

Dans la nature, autour des herbages ou près des habitations,  les haies, quelque soit leur type,  sont d’une grande importance pour les animaux, en particulier, pour les oiseaux. En Pays d’Auge, Plus d’une quarantaine d’espèces d’oiseaux  utilise les haies à tous les étages.

Qu’elles soient hautes ou basses, jeunes ou anciennes, arbustives, buissonnantes, constituées d’alignements d’arbres, elles sont toutes intéressantes. En effet, elles apportent le couvert, la nourriture et  l’abri.

Les oiseaux du jardin de Lina

Lina, une des fondatrices de Montviette Nature, appréciait et accueillait les oiseaux dans son      jardin.
En 1998, elle a noté sur un cahier quelques-unes de ses observations.
En voici ses écrits.
Ses observations rejoignent les connaissances sur les oiseaux.

Textes des observations : copies du cahier d’observation de Lina Sorel
Explications ornithologiques : Sophie et Guy Béteille
Photographies : Sophie et Guy Béteille

Lina et Gérard Bertran, la Dame Blanche (photographie de Rodolphe Murie extraite  du film Le secret du coucou bleu, 2010)

Observations du
grimpereau des jardins
19/01/1998
Vu à 16h00, le grimpereau des jardins inspectait rapidement le tronc du cerisier jusqu’au haut.

05/02/1998
Revu le grimpereau.

28/05/1998
Nous avons surpris dans son nid le grimpereau. Il niche dans une boîte suspendue à un pommier.
Depuis, je ne le voyais que très rarement, mais ce soir, après un gros orage, je vois les deux parents apporter de la nourriture aux petits.

Explications de Sophie et Guy : 

Oiseau sédentaire, qui se nourrit sur les troncs. Partant de la base de l’arbre, il progresse par menues saccades pour trouver sa nourriture : divers insectes, des araignées, des cloportes, des myriapodes et des mollusques. Toutes les proies sont minuscules.

Le nid des grimpereaux se trouve la plupart du temps dans un recoin étroit et abrité. Le site classique est l’espace laissé entre le tronc et l’écorce par le décollement de celle-ci. Mais tout autre abri s’ouvrant par une fente, si possible avec deux accès, peut être adopté.

Seule la femelle couve. Par contre, les petits sont nourris par les deux parents. La nourriture apportée est constituée en majorité de chenilles, d’araignées et autres petits insectes.

Observations des
mésanges bleues, charbonnières et nonnettes

19/01/1998
Les mésanges cherchaient des graines sur la fenêtre.

23/01/1998
J’ai remarqué cette année qu’il y avait beaucoup plus de mésanges bleues que de charbonnières à venir manger les graines que je dépose sur la fenêtre. Également moins de nonnettes, mais il faut peut-être attendre plus de froid. Celles-ci sont plus sauvages.

Mésange bleue

 

Les mésanges sont présentes en toutes saisons. Elles jouissent d’une popularité remarquable, grâce aux facilités qu’on a de les attirer jusqu’aux fenêtres des maisons, pour observer sans peine leur joli plumage et leurs activités acrobatiques.

Les mésanges ont besoin, tout au long de leur existence, de leur poids d’aliments quotidiens  pour fournir les calories nécessaires à leur corps. Aussi sont-elles sans cesse en mouvement, à la recherche de nourriture, constituée essentiellement par des insectes.
Mais à l’automne, ceux-ci  sont remplacés par des graines, surtout celles qui contiennent des substances grasses.

Observation de la grive mauvis

23/01/1998
Temps frais, annonce de neige.

Entrevu la grive mauvis, un peu en boule, ramassée (il faut dire qu’il faisait froid), une bande blanche au-dessus de l’œil, les côtés marqués d’une bande marron clair rousse.

Grive mauvis, Livarot

La grive mauvis est uniquement un migrateur hivernant, venant passer l’hiver chez nous.

Petite, assez compacte, sa tête est assez grosse et sa queue relativement courte. Elle a une raie blanchâtre au-dessus de l’œil et sous la joue. Ses flancs et le dessous de ses ailes sont de couleur rouille.

Observations du geai des chênes

25/01/1998
Vu le geai, presque sous la fenêtre, magnifique plumage. Il paraissait en excellente santé et s’amusait à soulever les feuilles mortes et à  les envoyer en l’air. Finalement, jusqu’au moment de son envol, il n’avait pas trouvé grand-chose sous chacune d’elle.

Le geai des chênes est le plus coloré des corvidés. Principalement brun rose clair, il a un croupion blanc qui se prolonge par une queue noire, des ailes avec un miroir blanc et des plumes bleues finement rayées de noir sur le poignet, une large moustache noire.
Il se nourrit beaucoup de glands (50 % de sa nourriture) cueillis directement dans les chênes ou ramassés sur le sol. Il en emporte une partie qu’il cache dans une fente d’arbre ou le dissimule dans la terre ou sous les feuilles. Il apprécie aussi les fruits et les baies sauvages et/ou cultivés. À ces végétaux s’ajoutent des gros insectes, et quelques petits animaux. C’est donc un « glandivore » doublé d’un omnivore qui mange un peu tout ce qui se présente.

Observation de la fauvette à tête noire

27/01/1998
Je pense avoir vu la fauvette à tête noire. Les yeux au ras d’une calotte toute noire, le dos gris cendré, la gorge gris très clair, le bec noir fin. Elle est plus ronde et beaucoup moins vive que la nonnette, ne s’attaque pas aux graines mais seulement au gras. L’an passé, j’avais vu la femelle à tête rousse. Elle n’a pas non plus de bavette noire.

Fauvette à tête noire, Ticheville (61)

 

La fauvette à tête noire est un petit passereau au dessus brun olivâtre grisâtre et au dessous gris très clair. Sur la tête, le mâle a une calotte noire tandis que celle de la femelle est brun roux. Se nourrissant essentiellement d’insectes, son bec est fin, de couleur ardoisée. En hiver et au printemps, elle consomme aussi des fruits et des baies.

Observation du tarin des aulnes

Janvier-février 1998
Je pense avoir le tarin des aulnes, grégaire. Ils viennent manger des graines avec les mésanges qu’ils pourchassent.  Plus petits que le verdier, un bec plus fin également. Le mâle sans doute a le dessus de la tête noir. Il est plus vert. L’autre est plus terne, le dessous strié de beige clair marron. Très rapide. Des bandes jaunes sur les ailes.

Les tarins sont souvent observés en groupe. Beaucoup sont des femelles au plumage vert grisâtre, flammé de brun noir, avec le croupion jaune. Les mâles se distinguent à leurs teintes plus vives, à leur dessous jaune à peine rayé, à leur calotte noire et à leur minuscule bavette noire. Leur bec est effilé, de forme conique.  Leur taille est faible, presque celle d’une mésange bleue.

Les tarins passent des heures à extraire des graines en haut des arbres, en particulier des aulnes. En hiver, ils fréquentent régulièrement les mangeoires.

Observations de la grive litorne

03/02/1998
Vu sous le pommier, mangeant des pommes restantes à terre, sans doute la grive litorne. Assez grosse, le dessus de la tête gris, le ventre gris clair et tacheté assez haut sous la gorge, un peu de blanc au bout de l’aile, la queue noire, le bec jaune. Elle paraissait plus inquiète que les merles à côté d’elle.

04/02/1998
Trois litornes. Le dessus du dos gris bleuté, les ailes marron, elles chassent les merles.

Oiseau hivernant dans nos régions, on rencontre souvent la grive litorne, en groupes, dans les vergers. C’est une grosse grive, à tête grise, bec jaune, dos brun, croupion gris et queue noire, poitrine roux doré piquetée de points noirs, ventre blanc.

Grive litorne, Bellou (14)

Observation du pic-vert

04/02/1998
En même temps que la grive litorne, le pic-vert est venu manger sous le pommier. Il est resté très longtemps.

Pic vert, Ticheville (61)

Bien qu’il travaille souvent les troncs et passe une bonne partie de sa vie dans les arbres, le pic-vert se nourrit facilement à terre.
Il fouille le sol de son bec puissant et s’attaque surtout aux fourmilières.
Il ne dédaigne pas non plus les limaces et vers de terre.

Observations
de la mésange à longue queue

18/02/1998
Vu la mésange à longue queue dans le cerisier en face de la fenêtre. Ce fut une apparition fugitive.

16/03/1998
En me promenant dans le bosquet, j’ai vu à nouveau la mésange à longue queue dans un bouleau pendue à une brindille. Elle est venue sur un arbre à côté de moi.

26/04/1998
Belle matinée ensoleillée. Vu la mésange à longue queue accrochée tout en haut de la fenêtre. Elle avait peut-être trouvé une mouche ou une araignée !

06/06/1998
En me promenant dans le parc, j’ai encore découvert à terre un nid de mésange à longue queue. J’étais bouleversée. Mais en continuant un peu plus loin, j’ai entendu au-dessus de ma tête des piaillements et, bonne surprise, 4 ou 5 jeunes mésanges à [longue queue], sans doute gênées par le petit chien qui me suivait, sautaient de branches en branches.
Le nid était tombé des grands sapins.

La mésange à longue queue fréquente les lisières des bois, les haies, les buissons, les broussailles, les parcs et suit les arbres jusqu’à l’intérieur des villes.
Acrobate infatigable, elle se suspend aux ramilles les plus fines, tourne et papillonne autour des branches, les explore en hâte jusqu’à leur extrémité.
Sa nourriture consiste en insectes de petite taille, de leurs œufs et de leurs larves et aussi d’araignées. En hiver, les substances végétales (fragments de lichen et baies) jouent un rôle secondaire.

Le nid, petit chef-d’œuvre, constitué à l’intérieur de plumes et de poils et à l’extérieur de mousses, de lichens, débris d’écorces…,  se présente comme un œuf allongé et vertical, percé d’une ouverture dans sa partie supérieure. Il se trouve dans des milieux variés : souvent dans l’enfourchure étroite d’un tronc ou d’une grosse branche, soutenu par des rameaux ou encadré par un lierre. On le rencontre dans les conifères comme dans les feuillus. Facilement visible, il est fréquemment victime de destruction par les geais, les pies et autres prédateurs (mustélidés, écureuils, chats et rongeurs), ou même par le vent qui l’arrache.

Observation du bouvreuil pivoine

31/03/1998
J’ai vu un couple de bouvreuils qui mangeaient les bourgeons du cerisier en fleurs encore dénudé de ses feuilles.

Bouvreuil pivoine, Saint-Michel-de-Livet (14)

Au milieu de l’hiver, les bouvreuils commencent à cisailler les bourgeons de quantité d’arbres, notamment dans les vergers, où ils ébourgeonnent méthodiquement les abricotiers, les cerisiers, sans oublier les cassis et autres arbustes.

 

Observations de la fauvette des jardins

25/05/1998
J’ai eu la bonne surprise de constater que la fauvette des jardins était revenue dans son site habituel et avait pondu 5 œufs qu’elle couve.

07/06/1998
Je suis allée revoir le nid  de la fauvette, à peine caché par la verdure de la clématite. Les petits sont bien là qui tendent le bec.

Le nid de la fauvette des jardins est placé assez bas, entre 50 centimètres et 2 mètres.
Il est construit dans toutes sortes de buissons, dans des plantes grimpantes, …
Elle y pond quatre ou cinq œufs.
Le mâle et la femelle couvent et s’occupent du nourrissage des jeunes.

Observation du rouge-gorge familier

Fin juin 1998
Trouvé dans le garage sur une étagère un nid de rouge-gorge avec des œufs dedans. Mais quelques jours après, le nid était vide !

Rouge-gorge familier, Valleuse-d'Eletot (76)

Le rouge-gorge peut nicher un peu partout. Le plus souvent, le nid se trouve à terre, au flanc d’un talus, au bord d’un fossé, sous une racine, au pied d’un taillis, sous un amas de branches, dans un terrier, dans un pot tombé à terre… Toutefois, on peut aussi le trouver en hauteur (jusqu’à 4 mètres) : dans des trous de murs, à l’extérieur ou à l’intérieur de cabanes ou bâtiments, sous des poutres…

Les couvées sont facilement abandonnées suite à l’attaque de prédateurs (belettes, rongeurs, écureuils, chats, geais, pies…), aux dérangements de l’homme ou aux mauvaises conditions météorologiques.

Bibliographie
– P. Géroudet,  Les passereaux d’Europe, Tomes 1 et 2Delachaux et Niestlé, 1998.
– L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström,  Le guide ornitho,  Delachaux et Niestlé, 2014.

Faire ses graines

Depuis les débuts de l’agriculture, vers 6000 avant J.-C., les hommes ont su récolter les semences de céréales, de légumineuses et autres herbes et, tout doucement, en améliorer la qualité et le rendement.
Au XIXe siècle, grande époque du progrès technique, les horticulteurs et maraîchers  se sont familiarisés avec les techniques de sélection et de récolte des semences. Aujourd’hui, malgré l’arrivée sur le marché des semences hybrides à haut rendement, beaucoup de jardiniers perpétuent cette pratique. Ils nous confient leur savoir-faire.

Pourquoi faire ses graines ?
  • une alternative aux graines du commerce désinfectées aux produits chimiques
  • diversifier les variétés cultivées au jardin
  • réintroduire des variétés locales en voie de disparition
  • se libérer du monopole des semenciers et des hybrides du marché
  • vous détenez une variété intéressante : faire ses graines pour la diffuser autour de soi.
Graines de panais avant la récolte
Choisir le porte-graine

Chaque type de plante impose une méthode particulière qu’il faut apprendre, espèce par espèce. Dans un rang de légumes, le porte-graine sera la plante ayant la meilleure allure ou les plus beaux grains ou fruits.

  • Sur les salades, les anciens disent qu’ « il faut couper la laitue ou chicorée avant qu’elle ne monte. Elle rejette. Il ne faut récolter les graines que sur les tiges latérales. »
Fleurs et graines de la laitue 'Brune du Perche'
Graines d'angélique à confire encore vertes
  • Chez les ombellifères, le panais et l’angélique se récoltent et se sèment la même année. Les graines ne se conservent pas au-delà d’un an.
    La carotte peut être replantée, en bonne place,  au printemps qui suit  pour lui permettre de fleurir puis de produire sa graine. La semence de      carotte se conserve cinq à six ans.
  • Les graines de potiron et celles de toutes les cucurbitacées ne peuvent être récoltées qu’après avoir pollinisé soi-même la fleur femelle et l’avoir abritée sous un voile. La plupart des cucurbitacées s’hybrident entre elles par pollinisation croisée des sujets.
La tomate de 'Madagascar' doit être très mûre avant d'en récolter la graine
  • Les semences de tomates anciennes sont extraites du fruit très mûr  et rincées à l’eau chaude afin d’en retirer l’enveloppe gélatineuse. Elles sont alors déposées sur une assiette puis ramassées dans un sachet de papier étiqueté.
  • Les porte-graines du pavot ou de l’ancolie doivent être gardés bien droits, le temps du séchage,  pour ne pas laisser échapper la semence.
    Ainsi chez l’ancolie, une renonculacée, la fleur est une clochette tournée vers le sol. Mais, lors de la formation de la graine, les cinq follicules qui la contiennent se redressent vers le ciel et empêchent les semences de se déverser.
    Les graines noires brillantes peuvent être semées dès la fin de l’année de récolte. Les ancolies colonisent volontiers les jardins.
Récolter, sécher

Il faut attendre que les graines soient bien formées et que le temps soit sec pour les récolter. Elles sont ensuite encore séchées à l’abri. Ainsi au Jardin Conservatoire à Saint-Pierre-sur-Dives, la serre n’est utilisée que pour mettre les graines au sec.

Graines de gesse ramassées bien sèches
Conserver les semences

La conservation demande d’autres précautions : trouver le récipient qui n’altère pas la qualité de la graine, connaître la durée de germination des semences, protéger certaines graines d’attaques de parasites au cours du stockage.
Ainsi toutes les légumineuses (pois, fèves, haricots, gesses) doivent être gardées dans un congélateur pendant 48 heures pour tuer les larves de bruches. Les anciens les enferment avec de l’ail ou des feuilles de laurier.  Pour une bonne conservation, il faut choisir le bon récipient : boîte en fer, en bois, en carton, mais éviter le verre où peut se déclarer une mauvaise fermentation. Les enveloppes et sachets de papier doivent être gardés dans une pièce sèche et aérée.
La durée de vie des semences est variable selon les espèces.

Pois 'Gris de la Manche' à placer quelques jours au froid pour éviter le développement de larves

Les hirondelles

En  Normandie, trois espèces d’hirondelles peuvent être             observées : l’hirondelle rustique, l’hirondelle de  fenêtre et      l’hirondelle de rivage.

L’hirondelle rustique :
Dos, tête, dessus des ailes noirâtres à reflets bleus,  queue fourchue munie de deux longs     filets chez le mâle, front et gorge couleur brique, dessous blanc crème. Elle était anciennement nommée hirondelle de cheminée, car les chaumières ouvertes ou les fermes possédaient une vaste cheminée en forme de     pyramide largement ouverte en bas. Dans cette « caverne enfumée », elle pouvait ainsi  réaliser son nid.

L’hirondelle de fenêtre :
Tête, dos, dessus des ailes, queue noirs et un croupion blanc bien visible qui contraste avec ce noir. Dessous du corps blanc.

L’hirondelle de rivage :
Dos brun, queue courte à peine échancrée, bande pectorale brune qui contraste avec sa gorge et son dessous blanc. Étant moins représentée en Normandie, surtout dans le Pays d’Auge, elle ne sera pas évoquée dans ce document. En effet, elle niche dans des microfalaises de terre, la plupart du temps au bord des rivières.

Eugénie, Jeanine, Madeleine, Pierre, Raymond et  Renée  ont admiré et protégé les hirondelles. Ils se souviennent :

Tous ces témoignages rejoignent les connaissances sur ces            oiseaux.

« On attend qu’elles arrivent.  Et c’est la chaleur. »
Vieux-Pont-en-Auge (14)

La majorité des hirondelles rustiques arrivent dans notre région dans la première quinzaine d’avril. Les hirondelles de fenêtres sont un peu plus tardives et on peut commencer à les observer fin avril, début mai. Cela correspond en effet au début du printemps qui apporte les premières chaleurs, nous faisant oublier l’hiver.

« Quand j’étais à la ferme, je notais l’arrivée des hirondelles. Il y en a deux, trois qui arrivent avant. Et, d’un coup, tout arrive. »
Grandmesnil (14)

Chez les deux espèces d’hirondelles, ce sont les mâles qui, les premiers, occupent les lieux de nidification et qui vont déterminer l’emplacement du nid. Ainsi les femelles et les jeunes (mâles ou femelles) non expérimentés de l’année passée arriveront par la suite.

« Elles  se nourrissent en volant.
Ça mange des bibets. »
Saint-Martin-de-la Lieue (14)

Les nombreuses proies ordinaires des hirondelles sont des petits insectes volants de toutes espèces : mouches, taons, moustiques, petites libellules, pucerons, divers coléoptères… Parmi cette nourriture, on peut trouver les « bibets » : c’est un terme normand du XVe siècle qui désigne des insectes qui piquent. Les hirondelles se nourrissent en volant. Rarement, elles se posent à terre pour picorer des insectes.

Hirondelle rustique (juvénile)

« Elles font des nids en terre. Elles piquent et prennent un peu de vase ou de boue dans leur bec. C’est du bon mortier, du torchis. Elles allaient au bord de la rivière piquer dans la vase. »
Dozulé (14)

Les hirondelles bâtissent leur nid à partir de terre qu’elles recueillent au sol, dans la boue humide. Elles la malaxent ensuite, l’imprègnent de salive. Ceci constitue une boulette de ciment qu’elles collent aux parois supports. Le nid forme une coupe. L’intérieur est lisse, garni de foin sec, de crins et de nombreuses plumes. L’hirondelle rustique lui ajoute des fétus de paille, des crins, des radicelles afin de lui donner plus de solidité. Son nid constitue une coupe ouverte sur le haut. Celui de l’hirondelle de fenêtre a une forme plus ou moins sphérique qui a une ouverture juste suffisante pour le passage de l’oiseau, placée au bord supérieur, contre le « plafond ».

« On les regardait dans le nid. On les flatte et on les relâche. Dans l’étable, il y avait une dizaine de nids de la ″bête à bon Dieu″. »
Vieux-Pont-en-Auge (14)

L’hirondelle rustique bâtit  son nid dans les bâtiments ouverts, où elle peut entrer et sortir à volonté : écuries, étables, granges des fermes. Elle apprécie la présence du bétail qui attire les insectes.   Ces  hirondelles  ne  s’établissent  pas  vraiment  en colonies : ainsi, on ne trouve guère plus d’une dizaine ou d’une quinzaine de nids dans un même local.

« Il y en avait tellement que les nids se touchaient. »
Thiéville (14)

L’hirondelle de fenêtre bâtit son nid sous un surplomb qui l’abrite : balcons, encoignures de fenêtres, avant-toits… Très sociable, on peut voir de grandes quantités de nids collés les uns aux autres (jusqu’à 180 nids par exemple).

Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de fenêtre

« Détruire un nid d’hirondelle, ça porte malheur. »
Falaise (14)

Tuer les hirondelles ou détruire leur nid est répréhensible par la loi : toutes les  hirondelles sont protégées.

« Quand elles sortent du nid, elles ne vont pas loin. Elles se posent sur un fil. »
Vendeuvre (14)

Les rassemblements concernent surtout l’hirondelle  rustique. Les perchoirs sont donc nécessaires à son repos : fils aériens, fils barbelés, branches, toits des maisons…

Hirondelles rustiques

 « On les voit se réunir mais        jamais partir. »   Falaise           « D’un seul coup, on regarde en l’air et on dit : ″Tiens, il y en a plus !″ »
Vieux-Pont-en-Auge (14)

Chez l’hirondelle rustique, la migration commence fin août,    début septembre. Elle est étalée dans le temps. Dès la première moitié de septembre, elle devient vraiment visible, s’accentue à la fin de ce mois. C’est à ce moment que l’on observe de gros rassemblements sur les fils. Les dernières partent mi-octobre. Cette migration se fait en formations étendues et dispersées. Chez l’hirondelle de fenêtre, la migration commence davantage dans la seconde quinzaine de septembre et peut se prolonger parfois  jusqu’à fin octobre à cause des couvées tardives de septembre. Les deux espèces ont essentiellement une migration  diurne.

Bibliographie
– P. Géroudet, Les passereaux d’Europe, Tome 1, Delachaux et Niestlé, 1998.
– L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström, Le guide ornitho, Delachaux et Niestlé, 2014.
– Œuvre collective des ornithologues du Groupe ornithologique normand (GONm),   Atlas des oiseaux nicheurs de Normandie 2003-2005, Le Cormoran, 2009.

Photographies, textes naturalistes
Sophie et Guy Béteille, ornithologues

Pommes de terre en Normandie

« Planter les pommes de terre quand les lilas sont fleuris pour être sûrs qu’elles réussissent. On le faisait pendant la guerre de peur de manquer. » Mézidon (14)

Ancienneté de la pomme de terre en Normandie

L’introduction de la pomme de terre en Normandie s’est longtemps heurtée à la sage méfiance des paysans… Les efforts de l’agronome rouennais François-Georges Mustel, (1719 – 1803) qui fait les premiers essais de culture près de Lisieux en 1766, et le Traité de la pomme de terre publié par Sir John de Crèvecœur (1735-1813) en 1782 n’ont pas réussi à convaincre tout de suite la population. Il faut attendre 1840 pour que la pomme de terre ou « morelle tubéreuse » soit enfin adoptée.
« 1770 et 1773 furent des années de grande disette. Les Académies de province s’émurent et organisèrent des concours sur les moyens d’y remédier. […] Une expérience […] eut lieu à Saint-Aubin-de-Scellon [27] près de Lisieux avec Réville, curé de la paroisse, qui cultiva des pommes de terre en suivant les conseils de Mustel. Une acre plantée lui rapporta 2.160 livres. Lui aussi fabriqua du pain économique. » D’après A. Dubuc, « La culture de la pomme de terre en Normandie avant et depuis Parmentier », Annales de Normandie, Vol. 3, n° 1, janvier 1953, p. 50 – 68.
À Saint-Aubin-de-Scellon, apposée au mur du cimetière, une plaque rappelle les qualités du curé Jean Réville (1726-1778).
À la suite de la terrible famine de 1812, l’administration promet médailles et primes aux producteurs. À Lisieux, un certain Heuzard Lacouture, brasseur de bière de son état, en cultive 18 000 pieds dont il vend la récolte à bas prix au son du tambour. Nous sommes en 1817. Rien n’y fait. Il faut attendre 1830 pour voir la pomme de terre prendre place parmi les végétaux les plus cultivés, souligne l’Annuaire de la Manche de 1829.

Plaque tombale du curé Jean Réville (Photo Willy Franchet)

Traité de la culture de la pomme de terre

D’un long voyage en Amérique, Sir John de Crèvecœur revient convaincu de tout le bien que les Normands pourraient tirer de la culture de la pomme de terre. Michel Guillaume Jean de Crèvecœur dit J. Hector St John, est né à Caen le 31 janvier 1735 et mort à Sarcelles le 12 novembre 1813. Cet écrivain américano-normand écrit dans son traité  :  « De toutes les jouissances humaines, il n’y en a point peut-être de plus douces, ni de plus précieuses que celles qui résultent du bonheur d’avoir introduit la connaissance de légumes… »    « Différentes manières de cultiver les pommes-de-terre : sur le gazon comme en Irlande ; plantées en rang de céleri dans les jardins ; au bout des grands sillons des champs ; au pied des choux ; sur un bois nouvellement coupé (comme traditionnellement ce qui se fait pour les fèves en Normandie). » D’après Sir John de Crèvecœur, Aux habitants de la Normandie – Traité de la culture des pommes de terre et de différents usages qu’en font les habitants des États-Unis d’Amérique […], Leroy,  Caen, 1782, 72 p.

Schéma de "Leçon de choses", 1920

 

D’autres essais

Apparition de la pomme de terre ‘Early rose’ à Bernay :
En 1869, le Dr Lemercier rapporte des États-Unis 21 greffons de pommes américaines. Pour les préserver durant la traversée, les greffons ont été piqués dans des pommes de terre d’une variété achetée à Boston appelée ‘Early Rose Les tubercules sont alors plantés dans des jardins à Menneval, à Saint-Aubin-d’Écrosville et à Bernay. En septembre 1873, cette pomme de terre est présentée à l’Exposition d’horticulture de Bernay et puis disséminée en Normandie. Bulletin de la société d’horticulture et de botanique du centre de la Normandie, Lisieux, Tome II, n°2, 1873, p. 61.
Early rose’ figure au catalogue du cultivateur grainier de Caen, A. Lenormand, au printemps 1901.
À l’occasion de la 33e exposition du 1er au 8 octobre 1887, la Société d’horticulture du Havre présente une pomme de terre venue de Patagonie pouvant supporter -10 degrés. Cette espèce n’aura cependant pas d’avenir en Normandie.

Variétés de Normandie

« Au concours de la Société d’horticulture de Lisieux à Saint-Pierre-sur-Dives, les 27 et 28 juillet 1901 : Pierre Farcis, horticulteur à Biéville expose 90 variétés de pomme-de-terre. » Bulletin de la Société d’horticulture et de botanique du centre de la Normandie, Lisieux, Tome IX, n°1, 1901.

 

Ci-contre la ‘Bleue de la Manche’

La ‘Bleue de la Manche ou Violette de Cherbourg a été conservée dans les fermes de l’ancienne Basse-Normandie.

« Mes parents l’appelaient la ʺcornette de la Mancheʺ. » Témoignage bourse d’échanges, 2011.

 

La ′Reine des cuisines

à chair blanche et peau  violet sombre, est une  variété ancienne cultivée principalement sur le bord de mer à l’ouest de Cherbourg, conservée dans quelques jardins de Tourlaville .

La 'Reine des cuisines' à chair blanche et peau sombre
Tubercule oblong plat à chair blanche et germe bleu

 

La Mazurienne’
avait été identifiée lors d’inventaires réalisés avec le musée de la Ferme du Cotentin (50) en 1998. Savoureuse pomme de terre que les maraîchers plantaient le 1er janvier et arrachaient et dégustaient le 1er mai.
Quelques tubercules ont été confiés à l’association Montviette Nature et au Potager de Beaumesnil en 2025. Variété précieuse à sauvegarder…

D’autres variétés normandes étaient conservées dans la collection Vilmorin (1846), dans la collection de la société impériale d’horticulture (1862) ou citées dans un rapport de la société d’horticulture pratique du Rhône (1847) :
– ‘Grosse Jaune d’Alençon’
– ‘Jeannette’, obtention de M. de Ravenel, Falaise,
– ‘Arlette’ (nouvelle, gain de M. de Ravenel de Falaise),
-‘De Flers’ (Orne)
– ‘Valognaise’
– ‘Vitelotte de Caen’
– ‘Rosa de Cherbourg’ et ‘Rouge de Cherbourg’
in Revue horticole de Lyon, février 1881
Et, au Catalogue du Comptoir Breton, une  pomme de terre réputée de la région d’Argentan : la ‘Chardon’ ou ‘Chardonne’, […] d’Argentan : « Variété tardive, potagère, fourragère, féculière. Tubercules ronds. Yeux très enfoncés donnant une forme bosselée très particulière. Peau lisse jaune. Chair jaune. Variété à gros rendement résistant bien à la sécheresse. », in Catalogue du Comptoir Breton, Tarif du 15 janvier 1934.

‘Œil bleu’ ou Trois yeux bleus’, région de Saint-Pierre-sur-Dives, surtout réservée à la soupe. Témoignages Jardin Conservatoire, 1995.

Institut de Beauvais. Catalogue A. Lenormand, Caen, 1901.

Usages de la pomme de terre

« Des gens tuaient des merles, les plumaient. Puis ils en fourraient des pommes de terre cuites au four. » Recette collectée par Jacky Maneuvrier, Histoires et traditions populaires, Le Billot.
« Dans les années 1930-1940, on en cultivait des étendues de cette pomme de terre ‘Bleue de la Manche’. On les donnait chaudes aux vaches : elles aimaient ça. » Témoignage, dame Flers.
Recette du fromage de pomme de terre : faire bouillir les pommes de terre. Puis les piler jusqu’à ce qu’elles soient réduites en pâte. Pour 5 kg de cette pâte, ajouter 1 kg de lait aigre, sel, poivre. Pétrir. Laisser reposer 3 à 4 jours. Puis repétrir. Former des fromages et laisser égoutter sur des claies. Puis les faire sécher à l’ombre. Les mettre dans des grands pots pendant 15 jours. Le Normand, Almanach de Lisieux et du Pays lexovien. Emile Piel, Lisieux, 1868.
« M. de Maussion nous a fait goûter du pain qu’il avait lui-même fait en employant le fruit tout entier. Ce pain, quoiqu’un peu moins blanc que celui de belle farine de blé, était cependant d’un goût fort agréable. » Annuaire de l’arrondissement de Falaise, 6e année, Levavasseur, Falaise, 1841, p. 38.
« Mes parents cultivaient la ‘Bleue de la Manche’. Elle était servie en rondelles autour des crudités, carottes râpées, tomates. » Cherbourg, 1940.
« Mes parents cultivaient la ‘Bleue de la Manche’. Elle servait à décorer les plats d’entrée. Elle était bonne ! Transmise par un ancien d’Ouilly-le-Basset, lieu-dit La Goubignière. » Pont–d’Ouilly, 1960.
« Ma mère cuisinait la ‘Bleue de la Manche’ en purée. » Témoignage années 1940, Équeurdreville (50).

À rechercher

Nous recherchons les variétés suivantes collectées auprès de témoins ou proposées dans les catalogues de cultivateurs grainiers normands :

  • Entre Elbeuf et Pont-Audemer (27), on a cultivé une pomme de terre appelée « charbonnière ». Témoignage recueilli lors d’une conférence à la Fête de l’ortie, La Haye-de-Routot (27), 2000.
  • Une variété ‘Charbonnière’ est citée dans l’ouvrage « Description des plantes potagères », Vilmorin – Andrieux et Cie, Paris, 1856.
  •  Ronde précoce de Caen. A. Lenormand (cultivateur grainier), Catalogue général de graines et plantes, Caen, 1909. (Coll. Montviette Nature)  
  • La pomme de terre Talus, autrefois cultivée près de Bayeux sur talus sous des tas d’herbe fauchée, sans terre. Témoignage recueilli en 2004.
  • Abondance de Montvilliers « Tubercules jaunes, chair jaune, variété excessivement productive ». E. Rosette, Catalogue de graines & plantes, Caen, 1928. (Coll. Montviette Nature)
Catalogue A. Lenormand, Caen, 1901.
Catalogue E. Rosette, Caen, 1928.

Comme une morille

Début mars, Jean-Louis a photographié cette pézize dans son jardin à Saint-Martin-de-la-Lieue (14). Elle est apparue au milieu des myosotis.

Disciotis venosa dans les myosotis

 

Il précise :  « C’est un bon comestible.  Son odeur de javel disparaît à la cuisson. Ce serait une morille qui développe une seule alvéole. C’est le champignon préféré des vrais connaisseurs. »

Les Champignons de nature, page 73

 

Dans  Les champignons dans la nature de J. Jaccottet (Coll. Les beautés de la nature, Delachaux et Niestlé, 1948 – coll. Montviette Nature), on peut lire à propos de cette pézize : Disciotis venosa, famille des Morchellaceae, ou pézize veinée est « un champignon très printanier. Elle est en forme de coupe, mais difforme, déchirée et plus tard étalée sur le sol ; elle atteint jusqu’à 10 cm. »

Galerina clavata

 

Au cœur de l’hiver, Jean-Louis a fait aussi ces observations autour de son jardin  :
Galerina clavata, Strophariaceae, le 15 janvier 2021
et
Panaeolus olivaceus, Bolbitiaceae, photographié le 17 décembre 2020.

 

Panaeolus olivaceus